29 mars 2005
Retour sur le sol suédois demain. Me remettre à la langue qui est un peu partie en deux semaines, me réhabituer au froid, me remettre aux biscottes et à la confiture d'airelles rouges. Oublier mon estomac qui a mal supporté ce passage subit à la nourriture française. Oublier ce changement de température si brusque qu'il m'a donné une mini-grippe. Ne pas penser à la montagne de courrier qui m'attend derrière la porte. Travailler dans l'avion la prononciation de "Un aller simple en bus pour Stockholm, s'il vous plaît". Et constater que la neige a entièrement fondu depuis mon départ...
24 mars 2005
Comme un balai dans le...
Aujourd'hui, petit courriel d'une enseignante de droit en sécurité informatique qui répondait à une de mes questions. Une dernière phrase qui se ponctue par une binette en clin d'oeil. ;-) *. Oh, cette enseignante est plutôt jeune, alors je me dis qu'elle utilise ce symbole de façon anodine, comme elle l'utiliserait avec un ami. Mais tout de même. Je suis un de ses élèves.
Lorsque j'étais encore en France, il m'arrivait souvent de me demander, lorsque j'écrivais un courriel à un enseignant, quelle formule de politesse j'allais employer pour finir ma demande. Cordialement ? Trop impersonnel, trop usité. Sincères salutations ? Trop strict. Cela se terminait donc souvent par un simple merci. Bref. Un questionnement sans fin.
Une interrogation qui ne m'est plus jamais venue à l'esprit en Suède. Tout de suite, un sentiment de complicité qui s'instaure. Donc quelques familiarités. Avec toutes les personnes qui, en France, m'apparaissaient "hiérarchiquement supérieures". Enseignants, administrateurs, chercheurs. Des courriels et des discussions qui virent à la franche camaraderie, des messages qui se terminent souvent par des points d'exclamation. Mais attention toutefois à ne pas se laisser aller à trop d'informalités. On aurait vite fait de passer la frontière. Mais tout de même.
Je ne sais pas à quoi cette différence est due, ni même si ce sentiment de familiarité est bien réel. Il n'en reste pas moins que c'est l'impression que j'ai depuis que j'évolue dans un environnement anglo-saxon. Moins de formalités verbales entre personnes d'âge et de poste différent. Moins de chichis. Davantage de discussions informelles, de tapes sur l'épaule. Les mauvaises langues diront que c'est hypocrite. C'est en tout cas apaisant.
Peut-être est-ce dû au langage. Comme en anglais, le suédois ne fait pas de distinction (ou alors très rarement) entre "tu" et "vous". Alors on a tout de suite ce sentiment de familiarité. Un de mes chocs en arrivant à Stockholm. En attendant, lorsque je reviens en France et que je vois le temps que certains passent à écrire leurs requêtes, usant des formules on ne peut plus tarabiscotées, je me dis que... C'est peut-être un des charmes du pays, finalement.
*J'avoue que j'ai du mal à trouver un équivalent francophone du smiley. Certains proposent frimousse. Je n'aime pas émoticône. De toutes manières, je me dis qu'il faudra qu'un jour j'arrête d'utiliser ces binettes. Elles deviennent un peu envahissantes, quand même.
Lorsque j'étais encore en France, il m'arrivait souvent de me demander, lorsque j'écrivais un courriel à un enseignant, quelle formule de politesse j'allais employer pour finir ma demande. Cordialement ? Trop impersonnel, trop usité. Sincères salutations ? Trop strict. Cela se terminait donc souvent par un simple merci. Bref. Un questionnement sans fin.
Une interrogation qui ne m'est plus jamais venue à l'esprit en Suède. Tout de suite, un sentiment de complicité qui s'instaure. Donc quelques familiarités. Avec toutes les personnes qui, en France, m'apparaissaient "hiérarchiquement supérieures". Enseignants, administrateurs, chercheurs. Des courriels et des discussions qui virent à la franche camaraderie, des messages qui se terminent souvent par des points d'exclamation. Mais attention toutefois à ne pas se laisser aller à trop d'informalités. On aurait vite fait de passer la frontière. Mais tout de même.
Je ne sais pas à quoi cette différence est due, ni même si ce sentiment de familiarité est bien réel. Il n'en reste pas moins que c'est l'impression que j'ai depuis que j'évolue dans un environnement anglo-saxon. Moins de formalités verbales entre personnes d'âge et de poste différent. Moins de chichis. Davantage de discussions informelles, de tapes sur l'épaule. Les mauvaises langues diront que c'est hypocrite. C'est en tout cas apaisant.
Peut-être est-ce dû au langage. Comme en anglais, le suédois ne fait pas de distinction (ou alors très rarement) entre "tu" et "vous". Alors on a tout de suite ce sentiment de familiarité. Un de mes chocs en arrivant à Stockholm. En attendant, lorsque je reviens en France et que je vois le temps que certains passent à écrire leurs requêtes, usant des formules on ne peut plus tarabiscotées, je me dis que... C'est peut-être un des charmes du pays, finalement.
*J'avoue que j'ai du mal à trouver un équivalent francophone du smiley. Certains proposent frimousse. Je n'aime pas émoticône. De toutes manières, je me dis qu'il faudra qu'un jour j'arrête d'utiliser ces binettes. Elles deviennent un peu envahissantes, quand même.
21 mars 2005
Gourmandise.
Du jarret de boeuf. Deux os à moëlle. Des légumes (carottes, pommes de terre, chou, navets, poireaux). De l'oignon. Des clous de girofle, du thym, du persil. Du bouillon. Un long temps de cuisson à feu doux.
Le pot au feu. Typiquement le genre de petit plaisir qui fait que je suis content que mon pays natal soit la France. Petit plaisir qui participe activement à l'épanouissement des clichés auxquels je fais face tous les jours concernant ce beau pays, par ailleurs...
20 mars 2005
Prison, visions.
Un article intéressant dans le New York Times d'aujourd'hui suite aux récentes évasions survenues dans les prisons suédoises. Une réflexion sur la notion de punition et de réinsertion, remettant en cause l'idée même d'enfermement.
Quel a été le but premier de la personne qui inventa la prison ? Isoler des personnes pour protéger le reste de la société ? Punir, "faire payer" ? Faire en sorte que l'acte ne soit plus jamais commis, ou en un mot, éviter la récidive ? Autant de réponses différentes que d'individus. Des pays qui n'envisagent pas la prison sans la notion de souffrance et d'absolution, voire de pénitence. Vision tournée vers le criminel. D'autres qui veulent avant tout isoler, et protéger le monde extérieur. Vision tournée vers le reste de la société. Et des pays marginaux. Qui ne veulent voir qu'un tout, n'exclure personne et éviter que l'acte délictueux ou criminel ne se reproduise à nouveau. En soignant, guérissant, faisant confiance. En donnant une raison d'être à la personne humaine.
Davantage de questions soulevées que de réponses apportées, évidemment. Une question symbole de la conception que l'on a de la vie, peut-être.
Quel a été le but premier de la personne qui inventa la prison ? Isoler des personnes pour protéger le reste de la société ? Punir, "faire payer" ? Faire en sorte que l'acte ne soit plus jamais commis, ou en un mot, éviter la récidive ? Autant de réponses différentes que d'individus. Des pays qui n'envisagent pas la prison sans la notion de souffrance et d'absolution, voire de pénitence. Vision tournée vers le criminel. D'autres qui veulent avant tout isoler, et protéger le monde extérieur. Vision tournée vers le reste de la société. Et des pays marginaux. Qui ne veulent voir qu'un tout, n'exclure personne et éviter que l'acte délictueux ou criminel ne se reproduise à nouveau. En soignant, guérissant, faisant confiance. En donnant une raison d'être à la personne humaine.
Davantage de questions soulevées que de réponses apportées, évidemment. Une question symbole de la conception que l'on a de la vie, peut-être.
19 mars 2005
Lucidité du matin.
C'est gentiment méchant, mais je suis sûr que l'on aurait pu faire plus corrosif. Parce qu'un jour il faudra quand même leur dire, à Ruquier et consorts.
17 mars 2005
Une confidente.
Dans moins de trois mois cette carte fêtera son premier anniversaire. Bizarrement, tout est passé très vite. Un été 2004 pénible que je voyais sans fin. Auquel j'ai un peu pensé avec regret, au plus fort de l'hiver suédois. Des fins de semaine à la mer, un sentiment de fin. Une mise à plat, période charnière. Un carnet qui est tombé à pic. Pour préparer ce départ en Scandinavie. Essayer de mettre des mots sur les sens. Faire des photos. Un peu trop critiquer, sans doute. Un style d'écriture pauvre et pontifiant, lorsque j'y repense. Bien loin des carnets que je lis depuis janvier 2003.
Et le départ. Des journées infernales, des maux de tête. Un regard d'enfant, des billets naïfs. Des jours qui raccourcissent, du travail qui arrive. Un regard qui change, mais un émerveillement qui reste. Agacements lorsque je vois les préjugés que peuvent avoir certains sur le voyage à l'étranger. Joie de découvrir la blogosphère des expatriés et ces regards généreux. Un carnet qui me permet de faire le point sur mon intégration. Des interrogations au jour le jour, trop de questions, sans doute. Des billets qui n'intéressent finalement que moi. Mais tant pis.
Retour en France pour Noël, manque d'inspiration. Un peu déconnecté, en gros. Changement de phase. Le vernis suédois est parti, la vraie vie commence. Hiver, tempêtes de neige, obscurité. Intégration, langue appropriée, découverte des journaux locaux. Un carnet qui aide à mesurer les progrès effectués. Une carte postale. Une confidente qui donne du relief à une aventure qui n'est finalement pas si exotique.
Ma carte postale aura donc rempli son rôle. Il suffit alors que je sois en France pour que je n'aie plus rien à dire. Un signe.
Et le départ. Des journées infernales, des maux de tête. Un regard d'enfant, des billets naïfs. Des jours qui raccourcissent, du travail qui arrive. Un regard qui change, mais un émerveillement qui reste. Agacements lorsque je vois les préjugés que peuvent avoir certains sur le voyage à l'étranger. Joie de découvrir la blogosphère des expatriés et ces regards généreux. Un carnet qui me permet de faire le point sur mon intégration. Des interrogations au jour le jour, trop de questions, sans doute. Des billets qui n'intéressent finalement que moi. Mais tant pis.
Retour en France pour Noël, manque d'inspiration. Un peu déconnecté, en gros. Changement de phase. Le vernis suédois est parti, la vraie vie commence. Hiver, tempêtes de neige, obscurité. Intégration, langue appropriée, découverte des journaux locaux. Un carnet qui aide à mesurer les progrès effectués. Une carte postale. Une confidente qui donne du relief à une aventure qui n'est finalement pas si exotique.
Ma carte postale aura donc rempli son rôle. Il suffit alors que je sois en France pour que je n'aie plus rien à dire. Un signe.
15 mars 2005
Réflexion du matin.
Riddarholmen, depuis Norr Mälarstrand, le 5 novembre 2004. Je me suis toujours dit que cette photographie résumait bien l'image que j'ai de Stockholm.
Guillermito :
Stockholm, la plus belle ville du monde
Hum... Pas mieux.
14 mars 2005
Changement de décor.
Sans surprises, changement radical de température. De -8°C à +9°C. Chaleur omniprésente, pour un peu je sortirais en pull. Petit choc en marchant deux heures en ville sans gants ni écharpe, veste ouverte. S'y ajoutent quelques grammes de gastronomie qui me rappellent douloureusement que la Suède a encore des efforts à faire dans ce domaine. Ou qui me font dire qu'il faudra dorénavant que je fasse preuve de fantaisie lorsque je fais face aux plaques de cuisson à Stockholm, c'est selon.
Je commence un peu mieux à comprendre cette image de pays de Cocagne qui nous colle à la peau, tiens. Content d'être un peu revenu, donc. C'est l'effet de la positive attitude, à n'en pas douter.
11 mars 2005
Écologie visuelle.
On les voit à des endroits précis, ces tas. Nybroviken ou Norr Mälarstrand. Sur le coup ils dérangent. Ils rompent la monotonie et la beauté glaciale de la banquise qui couvre l'archipel. Des icebergs sales et qui ne fondent évidemment pas. Le surplus de neige enlevé des routes et qui est jeté à l'eau, faute de place.
Résidus de caoutchouc. Métaux lourds. Particules de dioxyde de carbone. Mégots de cigarettes. Tout ce que la neige a caché est révélé. Et va gentiment dire bonjour aux poissons qui n'apprécient pas forcément ce genre de cadeau.
Ils sont éducatifs, ces tas. Ils montrent toute la saleté que peut produire une route et ses trottoirs. Finalement c'est aussi bien qu'elle ne fonde pas et disparaisse au fond de l'archipel. On ne se rendrait pas compte de l'impact de la pollution. A cet endroit la neige éduque. Elle qui était si propre est devenue objet de répulsion. Elle nous met face à nos rejets. Encore heureux que la pollution soit ici minime. J'en aurais encore l'estomac retourné.
Retour au pays demain. Ne pas faire de lien entre les rejets de l'avion que je vais prendre et les tas ci-dessus. Je n'imagine même pas. Je n'en dormirais pas de la nuit.
A bientôt la Suède, en tout cas.
10 mars 2005
Le poids des mots.
(Attention, billet qui risque d'être relativement pénible à lire pour les personnes qui ne baignent pas un peu dans la chose)
J'ai rarement (si ce n'est jamais) abordé mes études dans ce carnet. Les événements récents (PDF) me font ouvrir une parenthèse cependant. Que les personnes qui n'ont aucun attrait pour la chose informatique se rassurent, elle se refermera rapidement. Mais qu'elles se sentent concernées également, car il ne s'agit pas uniquement de l'avenir de quelques illuminés de l'écran. Replaçons tout d'abord les choses dans leur contexte.
Je ne reviendrai pas sur la funeste décision de la commission européenne (fort peu relayée par des médias qui s'en contrefichent, par ailleurs). Le libre, d'autres personnes en parlent beaucoup mieux que moi qui ne suis pas un expert dans le domaine. Le mien (à mon niveau d'étudiant, évidemment), c'est la sécurité informatique. Un domaine dont on n'a sans doute pas fini de parler.
J'étudie à Kista, banlieue au nord-ouest de Stockholm. Un nom qui ne vous dit sans doute rien, mais cette ville-champignon est pourtant l'un des cinq premiers clusters mondiaux au niveau des technologies de l'information, aux côtés de la Silicon Valley et consorts. Entreprises, recherche, éducation, tout ici est dédié au sacro-saint ordinateur. D'aucuns surnomment l'endroit la "wireless valley", eut égard au nombre de réseaux sans fil qui parcourent la ville et ses environs. C'est ici que sont notamment basés les laboratoires de recherche d'Ericsson, société dont le grand public ne connaît généralement que la partie téléphonie (en collaboration avec Sony qui s'occupe de la partie "physique"). Au moment de l'éclatement de la bulle, environ 50% des employés de l'entreprise ont été mis à la porte, ce qui a littéralement sinistré la ville et mis fin au business facile. Elle s'est cependant brillamment relevée maintenant, grâce à des facteurs que je n'aurai pas le temps d'aborder ici. Bref, je m'égare. Tout cela pour dire que, dans cette ville, un certain nombre de personnes et d'entreprises ont un certain pouvoir sur les technologies de l'information de demain.
Ici donc, on enseigne également à des étudiants. On forme les esprits. On a de l'influence sur certains qui boivent littéralement vos paroles. Ce sont des mots, glissés de manière anodine en fin de texte ou au milieu d'un diaporama. L'accent n'est pas mis dessus, alors ils paraissent naturels, n'étant pas matière à questionnement.
Trouvé au détour d'une diapositive lors d'une conférence (dans la langue de Shakespeare) au sein d'un cours de droit en sécurité informatique :
The advice should therefore be not to proceed with this development. Alternative suggestions can include development of trusted systems, digital rights management mechanisms, etc.
Et l'ensemble de l'auditoire de prendre soigneusement en note sans poser de questions. Je ne reviendrai pas sur TCPA (en,fr) et ses implications, je ne pourrai pas ajouter grand-chose. Je constate simplement que les gens qui ont pris consciencieusement note de ces paroles sont les mêmes qui mèneront le monde informatique de demain. Et qui appliqueront ce qu'on leur a enseigné avec entrain, parce qu'ils auront été imprégnés de cela. Parce qu'ils n'auront jamais eu un esprit critique et responsable. Comme le dit très bien Tristan, l'ignorance est un bienfait. Le pire, c'est qu'elle est contagieuse. Nous nous dirigeons donc vers un monde de gens heureux. En courant.
Fin de la parenthèse. Elle n'aura donc pas duré longtemps.
Résurrection.
L'orage est passé, les problèmes sont réglés, et le sourire revient. Et moi également, de plus belle. De toutes manières, il paraît qu'il se murmure que les fermetures de blogs, c'est devenu terriblement mainstream.
8 mars 2005
Blackout.
Il y a des jours comme cela. Dès le matin, une contrariété. Puis une deuxième. Alors on y devient plus sensible et tout prend alors des allures d'acharnement. Chaque nouvelle, chaque message apporte son lot, fait grimper le tas. On interprète mal tout ce qui peut se passer, on déforme alors tout, on l'amplifie, et l'on se dit que c'est une journée où l'on aurait mieux fait de rester couché.
Ce fut le cas pour celle d'hier. Mais alors sur toute la ligne, du lever au coucher. Les optimistes diront que la nuit porte conseil... Elle s'est très mal passée en tout cas. En attendant, silence radio.
Ce fut le cas pour celle d'hier. Mais alors sur toute la ligne, du lever au coucher. Les optimistes diront que la nuit porte conseil... Elle s'est très mal passée en tout cas. En attendant, silence radio.
6 mars 2005
La chaîne haute-fidélité.
(Vous m'excuserez par avance de ce titre relativement médiocre voire honteux, mais bon, le week-end, tout ça, vous connaissez...)
Moi qui ne savais pas quoi écrire ce week-end avant les examens, je passe par hasard chez Morgan (un fil Rss vous manque et tout est dépeuplé). Et, ô miracle, j'y trouve une sympathique invitation (pas de permalien, billet du vendredi 4 mars 2005) à exposer mes coups de coeur musicaux. Chaîne fort sympathique ma foi, qui change des bouteilles de Veuve Clicquot (si seulement c'eût été vrai !) ou autres chaînes du bonheur qui ont fait 57 fois le tour de la planète.
Merci de cet appel, je n'ai effectivement pas souvent parlé de musique sur ce carnet, alors que c'est pourtant un pan essentiel de ma vie. Tout cela me donne des idées...
Quelle est la dernière chanson que vous avez écoutée avant de lire ce message ?
Opus 40, de Mercury Rev. De l'album Deserter's Songs. Un album magnifique, déroutant, mythique. La pochette la moins ratée du groupe (je ne suis visiblement pas le seul à le penser). D'autres albums un peu moins réussis (quoique j'ai bien aimé également All is dream).
Combien y a-t-il de fichiers de musique sur votre ordinateur ?
Difficile question pour moi qui n'ai pu emmener ma discothèque ici ! Je me contente donc de relativement peu (à mon échelle), en l'occurrence de ce qu'il y a sur mon disque dur externe. 6,17 Go (oui finalement ce n'est pas si mal), 2828 fichiers. Environ 97 heures de musique. De tout, très éclectique. Une majorité de fichiers issus de mes disques de l'époque où j'achetais énormément de musique.
Quel est le dernier CD que vous avez acheté ?
Vu le prix relativement exorbitant des disques en Suède, cela remonte un peu, voire beaucoup. De mémoire je dirais la bande originale d'Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Une bonne B.O. qui me rappelle dans l'esprit (et je ne sais pas tellement pourquoi d'ailleurs) celle de Lost in Translation. Des artistes connus (Jon Brion, Willowz, Beck...), des titres accrocheurs.
Donnez cinq chansons que vous écoutez souvent ou qui comptent beaucoup pour vous.
Bon. Évidemment c'est dur, surtout que je n'ai pas accès à ma discothèque restée en France. Je vais essayer de mélanger un peu les genres, histoire de ne pas froisser mes pauvres disques restés au pays.
En relisant la question je vois que l'on parle de "chansons" et non pas de "morceaux". Donc je ferai une liste supplémentaire de mes cinq morceaux de classique préférés. Deux classement pour le prix d'un. Cela m'enlève déjà une épine du pied (comment ça je triche ?).
Cela donne donc :
- You never wash up after yourself, de Radiohead (EP My Iron Lung): une chanson qui ne ressemble pas au groupe. Une chanson minimaliste. Des paroles de départ, qui me touchent. Peut-être est-ce un symbole de l'étendue du répertoire du groupe.
Du même groupe j'aurais bien ajouté mis Paranoid Android, Lurgee ou Just, mais bon...
- Manha de Carnaval, par Astrud Gilberto (bande originale du film Orfeu Negro). L'interprétation de cette chanson par Joan Baez a marqué mes oreilles durant ma jeunesse, et ce n'est que relativement récemment que j'ai redécouvert cette chanson et ce film qui m'ont vraiment touché. Carnaval, le mythe d'Orphée et Eurydice, les favelas de Rio, une vie insouciante mais pauvre, au rythme du soleil...
J'aurais également bien vu El Pele (de la bande originale de Parle avec elle) ou Dernier domicile connu, de François de Roubaix. Des musiques qui parlent au coeur...
- Mes fenêtres donnent sur la cour, par Coralie Clément (album éponyme). Une chanson faussement triste qui aura marqué la fin de ma prépa et mon arrivée sur Nantes. Parce c'est aussi cela, une chanson. Cela rythme votre vie, y met de la couleur. Un album plein de fraîcheur dont j'attends le successeur depuis un bon moment.
- Independance Day, d'Elliott Smith (XO). La chanson avec laquelle j'ai découvert tardivement Elliott Smith (en 1998, un petit moment déjà). Une chanson qui trompe son monde en paraissant facile. Encore une chanson qui a marqué une époque, le début de mes années lycée. Bref.
- Tommib, de Squarepusher (bande originale de Lost in Translation). Une scène magnifique, pleine de doutes. Scarlett Johansson face au vide, face au trop-plein urbain de Tokyo. Un moment d'évasion et de solitude, mais à la fois un moment d'accomplissement. Aurait très bien pu accompagner mon arrivée ici. Un morceau qui m'a fait redécouvrir Squarepusher, par ailleurs.
Au niveau du classique (985 Mo, 202 fichiers seulement en Suède) :
- Boieldieu, Concerto pour harpe en Do majeur : une pièce modeste et relativement peu connue d'un compositeur ayant vécu à Rouen. Particulièrement mélodieux et recherché. Parfois subtile.
- Bruch, Concerto pour Violon et orchestre n°1 en Si mineur, Op. 26 : une ouverture magistrale pour un violon virtuose. Une finale qui me plaît un peu moins toutefois.
- J.S. Bach, Variations Goldberg : au clavecin par Pierre Hantaï (entendu notamment dans le film Stupeur et tremblements) ou au piano par Glenn Gould. D'aucuns trouvent cette pièce longue. Elle représente pourtant toute la subtilité dont sait faire preuve Bach, dans son aspect minimaliste. Incontournable.
- Poulenc, Sonate pour flûte et piano : je n'ai malheureusement pas (plus ?) le niveau nécessaire à la flûte pour réussir à exécuter ce morceau correctement. Et pourtant, ce n'est pas l'envie qui manque. Un morceau symptomatique d'une époque qui se cherchait, d'un art d'époque (Fernand Léger ou Braque)... A écouter plusieurs fois avant d'en saisir le sens, sans doute.
- Franz Liszt, Rhapsody hongroise n°2 : morceau archi-connu redécouvert aux Folles Journées de Nantes. De même, un morceau qui m'aura marqué et aura longtemps traîné sur mes oreilles lors de voyages en TGV vers Paris ou de voyages en camionnette vers les championnats de France universitaires d'aviron.
Voilà donc. Pardon à Air, Beck, Belle & Sebastian, Ben Harper, Benjamin Biolay, Brian Ferry, Coldplay, Day One, Émilie Simon, Eric Clapton, Gabriel Fauré, Georges Bizet, Jeff Buckley, Joseph Haydn, Keren Ann, Melissa auf der Maur, Michel Petrucciani, New Order, Pavement, Rachmaninov, Shubert, Shumann, Shivaree, Tahiti 80, The Chemical Brothers, The Velvet Underground et tous les autres. Vous découvrirez peut-être la suite un jour.
A qui allez-vous passer le relais (3 personnes) et pourquoi ?
Euh... Pour ne pas faire de jaloux, un petit tirage au sort du côté de mon aggrégateur. En espérant que ces valeureux(ses) blogueurs(ses) répondront à mon appel (mais ne vous sentez pas obligés quand même)!
- Edouard : bonne surprise dans le tirage au sort ! Car Edouard n'a jamais (ou alors pas souvent) abordé la musique dans ses billets. Sur le coup je suis vraiment curieux car je n'ai pas la moindre idée de ses réponses...
- Tehu : décidément c'est un bon tirage au sort. Juste retour des choses suite à un lien sympathique vers Munch et ses autoportraits !
- Bix : si cela pouvait le dépêtrer de la bagarre qu'il mène actuellement dans ses commentaires... Hum.
C'est amusant ces classements. Pas tellement pour leur résultats que pour le temps que l'on passe à réfléchir aux morceaux qui comptent vraiment.
[Idée à creuser] Je lancerais bien un classement de mes cinq plats culinaires préférés, tiens. Histoire de me faire patienter avant mon retour en France...
4 mars 2005
Entre deux rives.
Lorsque l'on évolue dans un milieu international, on a toujours tendance à tout comparer. Dire ce qui est mieux ou moins bien, ce qui est plus fonctionnel ou mieux conçu. C'est notamment le cas des langues, inéluctablement.
Réflexion étrange d'un Suédois qui apprend le français. "Oh, la langue n'a à première vue pas énormément de vocabulaire. Énormément de notions différentes sont rassemblées sous la même bannière."
Et de prendre pour exemple le verbe penser. Trois équivalents différents en suédois. Tro, qui joue sur la probabilité. "Je pense qu'il va venir". Tycka, qui joue sur l'opinion. "Je pense qu'il a raison". Tänka, qui joue sur l'action. "Je pense à mon amie". Trois verbes différents bénéficiant d'un même équivalent français. Acquiescant vaguement, je reste un peu sans voix, me disant que le français n'est tout de même pas si pauvre qu'il le prétend. Les exemples ne me sont pas venus à l'esprit, cependant.
Une langue n'est pas qu'un outil de communication. C'est le reflet d'une construction d'esprit, évidemment. Si les uns focalisent sur les différentes manières d'exprimer ce qu'ils pensent, les autres ont énormément plus de mots pour exprimer les sentiments ou les impressions. Ce qui rend l'apprentissage d'une langue plus difficile pour celui qui se borne à reproduire des structures linguistiques qu'il connaît, en ne changeant que le vocabulaire employé.
Des différences de langues qui marquent et forgent les esprits. Je me suis toujours dit que j'avais du mal à exprimer mes sentiments en anglais. À décrire mon état d'esprit. Aucun mal à présenter des faits ou à discuter de l'actualité. Mais un certain sentiment de vide lorsqu'il s'agit de parler de moi. I guess I have to accept that it is related to my lack of proficiency combined with the relatively small number of native English speakers I am used to discussing with...
L'allemand par contre m'a toujours poussé à effectuer des raisonnements logiques, même s'ils sont abstraits. Une place des mots bien déterminée, des verbes qui se retrouvent en fin de phrase, voilà qui marque la manière de penser. C'est un peu pour cela que je me dis que la langue germanique n'est pas pour rien dans le nombre impressionnant de philosophes qui ont pour langage celui de Goethe.
Quant au suédois... Laissez-moi un peu de temps, tout de même.