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Carte postale suédoise: avril 2005

27 avril 2005

Réflexion bête.

Je suis un peu loin de tout cela, mais il m'est d'avis que le décollage en fanfare de ce matin va inverser la tendance du référendum sur le TCE. Aucun rapport entre les deux, évidemment, mais les discussions récentes concernant le traité constitutionnel ont eu tendance à verser dans l'irrationalité. Donc, quitte à verser dans le grand n'importe quoi...

Resa.

Dans un quartier chic. Sans doute le plus chic de Stockholm, d'ailleurs. Au royaume des Porsche et autres Saab cabriolet. Un joli bâtiment, jaune clair. Des pierres du 19ème siècle qui brillent sous le soleil du matin. Le grand drapeau bleu blanc rouge flottant sur le fronton me dit que je ne me suis pas trompé d'adresse.

Sitôt passée la porte, tout change. Le pays, la langue. Quelques jolies affiches touristiques du château de Versailles ou d'un village du Lubéron. Cela me donne presque envie de partir en vacances au pays des merveilles. Une ambiance administrative assez extraordinaire. En dix secondes, me voilà passé d'un univers suédois qui me paraît encore mystérieux à un univers parfaitement connu. Je suis en territoire conquis. Dépaysement total.

Impression vraiment étrange, un simple mur qui sépare une rue de Stockholm d'un bâtiment faisant partie du territoire français. Ces gens qui me donnent l'impression de me trouver dans la mairie de ma ville alors qu'elle est à plus de deux mille kilomètres de là.

Voilà. Tout simplement pour vous dire que ma procuration est partie ce matin dans la valise diplomatique.

25 avril 2005

Saknad.

Ce n'est pas dans mes habitudes d'utiliser ce carnet pour obtenir une information, mais tant pis, je le fais tout de même.

Comme vous l'avez constaté, une carte postale sans photos, c'est un peu triste. Alors d'ici très peu je vais aller braquer l'écureuil et réinvestir. Existe t-il en ce moment une affaire à ne pas rater ? Un appareil qui sorte du lot ? J'avais un appareil (un Sony DSC-P93, 5MP) dont j'étais très content alors je ne voudrais pas être déçu cette fois-ci.

Les points qui m'intéressent :
  • Un bon objectif, c'est le plus important, loin devant le nombre de pixels
  • Un temps de déclechement rapide (pas trois secondes entre le moment où l'on appuie et celui où la photo est effectivement prise)
  • Un mode vidéo correct (mon précédent sortait en 640*480) dans un format simple et lisible sans logiciel particulier (donc pas .mov par exemple)
  • Un poids pas trop important, avec éventuellement la possibilité de mettre des piles normales à la place de la batterie


Par contre je me fiche :
  • De la taille de l'écran (4 fois sur 5 je regarde dans le viseur)
  • Des modes à gogo, je fais toujours les photos en mode manuel (où l'on peut régler le temps de pose et l'ouverture par exemple)


Le tout pour environ... 300/350 euros (oui, lorsque j'aurai des brouzoufs le Père Noël viendra m'apporter un reflex numérique...).

Dilemne cornélien...!

Soluppgång.

Cela commence vers quatre heures trente. Une lumière encore différente de celle-ci. Moins intense, plus diffuse. Qui vient mettre un terme à une nuit qui commence à ressembler à peau de chagrin. Un ciel sans nuages qui vire au bleu turquoise. Un léger dégradé rouge vient se marier à la ligne d'horizon. Des couleurs pâles et harmonieuses.

La température négative qui règne à cette heure dit que l'été n'est pas encore là. Et pourtant. Les signes se multiplient. Les petites fleurs bleues de printemps sont arrivées. Les pelouses perdent leur jaune triste pour le vert. Rester plus de cinq mois sous la neige, cela n'avait pas arrangé leur couleur. Et il y a les oiseaux qui sont revenus. Le silence profond de l'hiver est maintenant brisé par les chants de la vie.

Il annonce des lendemains qui chantent, ce ciel. Dans un pays de lumières et de contrastes. Des lendemains ensoleillés qui me pousseront à l'extérieur. Loin de ces écrans d'ordinateurs et de ce fil à la patte dont j'ai un peu de mal à me détacher.

22 avril 2005

Olika saker.

De choses et d'autres en ce vendredi plutôt froid (-2°C ce matin) au temps changeant.

Hier, je me suis retrouvé assis auprès d'une personne qui s'est avérée être grecque. Un peu de joie à l'idée de faire la connaissance d'une personne originaire d'un pays qui me tient particulièrement à coeur pour de nombreuses raisons.

Elle : Oh, tu arrives à lire les caractères grecs ?
Moi : Oui, j'ai fait du grec ancien pendant cinq ans. Maintenant j'ai presque tout oublié mais je me souviens encore des caractères.

Comme la confiture, j'étale mes vestiges à grands coups de déclinaisons à l'accusatif, datif, et de vocatif ou de "Ta zoa trekei" (les hellénistes comprendront l'allusion).

Elle : Je ne comprends pas. Tu étudies l'informatique, comment connais-tu un peu le grec ancien ? C'est totalement inutile, même pour les Grecs !

C'est un peu cela, la France. On apprend l'histoire, la géographie de pays dans lesquels nous n'irons jamais. On apprend des langues mortes (même si nous n'étions que quinze à passer l'oral de grec au baccalauréat). On apprend des choses profondément inutiles pour notre carrière ou l'entreprise. Mais parce que l'on a décidé que l'école ne devait pas façonner les élèves. Qu'elle devait éduquer et non former. Parce qu'on a permis à certains d'apprendre des choses complètement inutiles qui ne rapporteraient rien à la société. Et on a accepté de former des enseignants. A pure perte ? Je ne crois pas. Une conversation au sujet du grec ancien, cela n'a peut-être pas de prix.


Et comme, même en anglais, j'en apprends tous les jours, j'ai découvert aujourd'hui que "chatouiller" se disait "titillate". Moi qui emploie(yais) le verbe "titiller" assez souvent, je souris.


Enfin, un lien tardif vers un article qui soulève un certain nombre de questions. Parce que c'est, à mon sens, un problème qui ne touche pas que la chose informatique.

20 avril 2005

Le syndrome du lagom.

S'il y a un mot qui a lui seul pourrait résumer l'état d'esprit qui anime nombre de Suédois, c'est bien celui-ci. Lagom.

Il n'a, à ma connaissance, pas d'équivalent français. Ni dans d'autres langues, d'ailleurs. On pourrait cependant le traduire par "juste assez", "ni trop, ni trop peu" ou "le juste milieu". Et le rapprocher des vues aristotéliciennes d'un monde qui n'était que mesure.

Une curieuse étymologie que celle de ce mot. Personne n'en est parfaitement sûr, mais il semble que lagom vienne de la contraction de "laget om" qui signifiait "rassemblement en cercle". A l'époque viking, les guerriers se réunissaient et buvaient chacun leur tour dans une corne contenant du vin. Pour que tout le monde puisse avoir sa part, il fallait donc boire la juste quantité. Ni trop, ni trop peu.

C'est une relation curieuse que les Suédois entretiennent avec cette notion. Elle est utilisée à tous les coins de rue ("Combien de pommes de terre je vous mets avec votre viande ? Lagom", "Que pensez-vous de cette loi ? Lagom" "La cuisson pour le steak ? Lagom"). Et elle est devenue un quasi-symbole de perfection, puisqu'applicable à (presque) tout.

Une volonté de justesse et de modération qui a teinté les esprits, forcément. En allant un peu plus loin, on pourrait dire que ce mot a poussé la Suède à suivre une ligne de conduite qui est bien loin du "more is best" inscrit en filigrane dans le rêve consumériste américain. La réussite ne se mesure pas dans la quantité. Elle se mesure dans la satisfaction. Et c'est cet état d'esprit modeste et mesuré qui m'a en partie fait aimer ce pays.

Cependant, le lagom a actuellement du plomb dans l'aile. On l'assimile à l'immobilisme. A la neutralité consentante. On l'accuse même d'être un frein à la croissance économique du pays. Mais sans doute est-ce vrai. Une croissance lagom. Cela serait peut-être bien. Pas trop mauvaise pour l'environnement. Pas trop mauvaise pour la qualité de vie. Loin du "toujours plus" qui règne actuellement. Développement durable. Justesse. Égalité. Consensus. Lagom.

Néanmoins, malgré les critiques, il reste un vrai symbole, ce mot. Parce que l'on a beau dire, ce sont les mots qui dirigent notre esprit. Et qui intiment au Suédois qui a pourtant beaucoup d'argent de ne pas prendre une trop grosse voiture dévoreuse de carburant. Parce que, lagom.

S'il y a une vision que je garderai de la Suède, cela sera peut-être celle-là. Sans oublier les autres néanmoins. Car ni trop, ni trop peu.

18 avril 2005

Management, rigueur et clichés.

Ces derniers temps, je suis amené, pour diverses raisons, à lire quelques perles. Des livres de ressources humaines et d'études comportementales au sein de groupes de travail. Organizational behavior qu'ils appellent cela. Tout de suite, les grands mots.

On y trouve des conseils sur la prise de décision (attention les yeux), des questionnements sur les méchants employés qui rechignent toujours à travailler et qu'il faut motiver, des poncifs éculés (la pyramide de Maslow), infondés sur le plan scientifique (la double théorie satisfaction/insatisfaction de Herzberg) et pourtant pris comme du pain béni.

Des clichés sur les différences culturelles qui font parfois sourire lorsqu'il s'agit des valeurs ("The United States and Canada both have a high emphasis on time management and efficiency. Both cultures stress accomplishments and acquisition of money and material goods. In cultures such as Sweden and France (hasard des hasards, cette coïncidence m'a fait sourire), where materialism is less revered, we would predict a smaller proportion of that type of personalities").
Quelques phrases prises pour vraies et qui font un peu moins sourire.
Des phrases incroyablement cyniques qui ne sont pas considérées comme telles par leur auteur ("Amazon.com is putting a lot of independent bookstores out of business as it proves you can successfully sell books from an Internet Web site").

Un condensé des idées dont sont nourris nos jeunes bellâtres qui s'en vont créer de la richesse. Et dont je me passerais bien de la lecture.

14 avril 2005

Blogs, idéologie(s) et déboires.

A l'heure où la blogosphère blogogeoisie blogobille, au fil des billets, broie du noir et s'interroge, j'avoue que je ne sais qu'écrire. Evidemment je n'ai mon carnet que depuis peu, alors il m'est difficile de faire de même. Néanmoins cela fait tout de même un petit moment que je suis la blogosphère de relativement près (environ deux ans). Son évolution, ses discussions sans fin, sens franches rigolades, les conflits qui naissent parfois entre ses protagonistes, ses craintes et ses doutes. Je n'aime pas les séries télévisées. Alors, au lieu des Feux de l'amour, j'ai regardé la blogobille. Et depuis, même si j'en suis au 719ème épisode, je n'ai pas encore décroché.

Je ne fais pas partie de ce cercle des pionniers, ceux qui ont pris le premier bateau. Beaucoup trop novice, c'est sûr. Mais malgré tout, je comprends ces craintes et ces doutes face à une blogosphère qui a changé.
Je comprends les réticences que l'on peut avoir face à ces gens qui ont prétexté garder la forme mais qui ont durablement changé le fond de la blogobille. Ces gens qui n'ont vu dans cet outil qu'une formidable machine à transformer des caractères informatiques en monnaie sonnante et trébuchante, fût-ce au dépend de la sincérité et de l'honnêteté d'esprit. Ceux qui ont prétexté la transparence à travers le blog alors qu'ils ont tout simplement transplanté les concepts commerciaux, financiers, communicatifs et politiques qu'ils connaissaient déjà auparavant.

Au risque de taper complètement à côté, je crois que la forme ne change absolument rien, tant que le fond reste identique. Le blog, une révolution ? Sans doute pas, puisque chacun fait encore ce qu'il veut de cet outil dont on ne voit que la vitrine. DSK est-il réellement impliqué dans son blog (cela dit sans critique, je conçois très bien qu'il n'ait pas le temps de s'occuper de cet espace chronophage), ou n'est-ce qu'un moyen comme un autre de faire parler de soi et de faire naître le débat ? Un Skyblog est-il un blog ? N'est-il plutôt pas le défouloir d'ados en manque de communication ? Et finalement, qu'y a-t-il de sincère dans mon carnet, noyé au milieu de millions d'autres ? Que savez-vous de moi, à part des considérations géographiques ? Que reste-t-il de ces notes qui sont venues à la suite de mouvements d'humeur le plus souvent ?

J'ai attendu un bon moment avant de commencer à bloguer. Pour "tâter" le terrain. Pour ne pas m'approprier une culture que je n'avais pas. Pour voir que la modestie était sans doute la chose la plus précieuse à conserver dans la blogosphère. Car, soixante lecteurs par jour après presque un an, ce n'est sans doute pas beaucoup. Mais j'aime mes lecteurs, et c'est peut-être cela le plus important. Ils ne sont pas venus pour discuter affaires. De toutes manières je ne vends rien, même pas de publicités contextuelles. Alors, finalement...

Le blog a été phagocyté par la massification, c'est un fait. Les happy few n'ont maintenant plus de voix dans ce chaos truffé de publicités Adsense et de messages Sms. Les plus décus changeront d'outil, sans doute. Mais vers quoi iront-ils ? Créeront-ils de nouvelles structures ? Des sites communautaires collaboratifs restreints qui constitueront à eux seuls "une sphère", au risque de fermer les portes aux nouveaux entrants ? Un Wikipedia du partage, déserté par des marchands du temple qui n'y trouveront aucun intérêt financier ?

La blogosphère a tout simplement perdu sa sphère. Et s'en créera sans doute une nouvelle bientôt. En attendant, un joli commentaire que j'ai aussitôt effacé, perdu au milieu de mes billets.
Oué tro bien ton blog laiss ton com sur le mien en échanj

Je n'y manquerai pas.


Dans un tout autre registre, j'ai commencé hier mes démarches pour essayer de voter à l'ambassade de France à Stockholm le 29 mai prochain. Mais apparemment, tout ne se passe pas comme prévu. Youpi.

13 avril 2005

Il fallait s'y attendre...

Quand les navigateurs comprenant un bloqueur de pop-ups se généralisent, monsieur le publicitaire n'est pas content. Il veut que le méchant internaute qui essaie de contourner la publicité la voie quand même. Coûte que coûte.

Alors, depuis une heure, sur le site du Monde, il n'y a plus de pop-up. Mais par contre on n'y coupe pas.

12 avril 2005

Evidence.

Pendant les vacances, j'écoute distraitement cette étude de Chopin, la N. 3 en Si Mi majeur, opus 10 (court extrait à écouter ici). J'y reconnais, avec surprise, la ritournelle utilisée dans la chanson de Gainsbourg, Lemon incest. Tout simplement. Parfois, je passe à côté de certaines choses, alors qu'elles auraient dû me sauter aux yeux.

Toujours est-il que cette étude est vraiment très jolie.

11 avril 2005

Hors des sentiers battus.

Photographie d'un soleil de fin d'après-midi sur Stockholm, prise du Sankt Eriksbron. Un pont très haut qui relie Kungsholmen à Odenplan. Une impression de vide. Un bateau sur l'eau, en bas, et de grands immeubles imposants. Le pont rentre littéralement dans ces immeubles, puisque la rue n'est pas au niveau des quais, mais environ cinq mètres plus haut.

Il y a des endroits qui ne sont que rarement fréquentés par les touristes. Parce que le routard les a oubliés, ou parce qu'ils sont éloignés des circuits habituels.

A Stockholm, ce sont Kungsholmen et Södermalm, les deux grandes îles de l'ouest et du sud, qui s'y collent. Loin de la vieille ville et de ses rues surfaites où l'on entend parler toutes les langues sauf le suédois. Loin de Norrmalm, la City, où les doigts des mains ne suffisent pas à compter les H&M. Deux îles très différentes l'une de l'autre, et pourtant si caractéristiques de Stockholm. De grands immeubles du 19ème, des façades colorées. De grandes voies de circulation. Des parcs qui retrouvent enfin la couleur verte. Beaucoup d'escaliers. Des disquaires underground. Et des gens qui vivent et qui flânent. Qui ne sont pas là en touristes.

Et puis il y a ces points de vue que l'on n'est pas habitué à voir en photo. Ces ponts reliant Kungsholmen à Vasastan, s'entremêlant avec les grandes voies de circulation, créant un capharnaüm de bretelles d'accès suspendues dans les airs. Ces petits jardins de Södermalm qui en arrivent à faire douter que l'on se trouve dans une capitale.

Je ne me lasserai pas de ces promenades, ni de la contemplation de ces paysages. Dussé-je y passer des heures et des heures.


Cela n'a rien à voir, mais voilà un intéressant article du New York Times.
As for me, I think I've done a lot of sin and if I go to church, it's better.

"Catholics right now are à la carte" in the practice of their religion

Ou comment, chez certains, la pratique de la religion ne se résumerait qu'à un ensemble de rituels superstitieux destinés à s'attirer la bienveillance du créateur lorsque l'on en a besoin.

Test de comportement au sein d'un groupe de travail.

According to your score, Bertrand, you tend to adopt the role of Verifier in a group. This means that looking for mistakes and conducting the final review of the group's project is something you do naturally.

Verifiers are the detail-oriented individuals in a team. They act as quality controllers and are likely the last members in the group to agree that a job is complete. Typically, Verifiers need to ensure that a project has been properly finished and that all elements of the task have been taken into consideration before they can celebrate. In search of perfection, Verifiers are constantly on the lookout for errors and omissions. Because of their knack for detail, Verifiers are apt at detecting minor mistakes that may otherwise go unnoticed. They are uncomfortable with rushed deadlines and quick handoffs; Verifiers prefer to spend some time at the end of the task to review it fully. Verifiers are interested in maintaining the standards and procedures used within their team as a form of quality assurance.

Verifiers are the final checkpoint before project completion. These dedicated individuals will go through the final product with a fine-toothed comb before turning it over to a higher-up. Verifiers often do catch important omissions or gaffes and can be face-savers in these situations. Verifiers also keep a close eye on the approaching deadline. These individuals do not want to be caught with insufficient time for a proper final review and as a result are great timekeepers for the rest of the group. They make for excellent product testers, are first-rate controllers, and thrive in environments that require quality assurance.

When Verifiers take their role to the extreme, they can become too nitpicky and waste valuable time reviewing things that may have been looked over already by other members of the group. Verifiers can also hamper the progress of a project with their insistence on following certain standards and procedures. Pressures to make decisions without allowing time for reflection and verification are often experienced as stressful. Finally, a Verifier does not feel comfortable when several tasks are being done at a time; they prefer to see one task completed before the next one is begun. Their perfectionistic tendencies may be aggravating for other team members. Verifiers dislike multitasking and may experience problems with conflicting priorities.


Hum, pas faux. J'ai toujours eu tendance à être perfectionniste, à être celui qui relit les rapports pour y débusquer les fautes d'orthographe ou les erreurs de raisonnement. Un attribut qui peut crisper ou rassurer, c'est selon. Qui peut faire croire à un manque de confiance. Ou qui permet de trouver un appui. Un attribut qui n'interdit cependant pas la fantaisie et qui ne m'empêche pas d'aimer également les visions générales et abstraites, sans se concentrer sur les détails. Qui a dit que l'on n'avait qu'une seule personnalité ?

9 avril 2005

Dis-moi comment tu écris...

Des photos d'heureux possesseurs de carnets ici ou . Parfois j'avoue que je suis surpris. J'imaginais quelqu'un d'autre. Comme si l'écriture avait pu être révélatrice d'une apparence physique, d'un visage. Ridicule. Mais c'est tout de même étrange, j'éprouve le besoin de mettre des yeux sur des mots, une bouche de laquelle sortirait ces commentaires. Alors je m'étais fait des idées. Des visages imaginaires. Et je me suis particulièrement trompé quant à certaines et certains. Un jour il faudra que je passe pour voir. Parce que je crois que je lirai d'une autre manière après.

Je me demande comment on m'imagine, tiens...

8 avril 2005

De la poussière.

C'est toujours avec un peu d'émerveillement que l'on retombe sur des chansons qui ont formé la bande originale de sa jeunesse. Au détour d'un appartement d'amis où l'on regarde distraitement la colonne de disques. Mal rangée, évidemment, mais c'est mieux comme cela, on regarde les noms plus attentivement. Des noms qui restent toujours d'actualité, malgré leur âge. Belle and Sebastian, Beck, des mélodies de bon goût que j'écoute encore à l'occasion. Et au pied de la colonne, là où s'est entassée la poussière, un son que je n'écoute plus. Plus du tout. Il avait pourtant accompagné mes seize ans, années lycée. Ces années où l'on est encore influencé par les radios et les copains, où l'on cherche à se créer une identité à travers ses goûts musicaux. Oasis et Blur. Au pied de la colonne, donc. Definitely maybe, The great escape. Des sons dynamiques et accrocheurs, à l'époque. Et maintenant...

Plus grand chose, finalement. Une petite joie, tout de même, en réécoutant les frères Gallagher et leur mur sonore. Petite mélancolie en écoutant the Country house. Elle ne vient pas de la musique elle-même, elle vient de ce qu'elle évoque, évidemment. Une époque pas si vieille, et pourtant terriblement éloignée. A cette époque, je ne savais pas que je vivrais à l'étranger. Je devais savoir probablement très peu de choses sur la Suède. Je n'avais pas non plus d'idées. Ou alors très peu. Tout paraissait naïf et simple. Mon monde vivait en musique. Tout passait, sans que j'y prenne garde, comme s'il n'arrivait rien. Une princesse insignifiante terminait sa soirée dans le tunnel de l'Alma en faisant couler les larmes des groupies, c'est à peu près tout ce que je retenais. C'était simple, le monde tel que je le voyais. Pas de 11 septembre. Pas de tensions religieuses mâtinées d'intérêts énergétiques et financiers. Non, rien de tout cela. Un univers d'adolescents qui se mettent enfin à écouter de la musique qu'ils croyaient être de la musique de grandes personnes.

Des disques qui ne m'ont pas suivi jusqu'à maintenant. Et qui sont donc restés à leur époque, simples, gardant des souvenirs que j'avais presque oubliés. Cela dit, Oasis a tout de même très mal vieilli.

6 avril 2005

Des yeux qui se tournent.

Je suis au milieu d'un amphithéâtre. La main contre la joue ou sur le menton, comme cela m'arrive souvent lorsque j'écoute un cours, je ne sais pas pourquoi. L'enseignant, que je n'avais encore jamais vu, fait une rapide allusion aux attitudes comportementales que l'on peut avoir lors de discussions. Et tout à coup il me regarde, en disant que, par exemple, certaines personnes écoutent en tenant leur menton. Cela leur donne l'air plus sérieux. J'enlève soudainement ma main en souriant. Il continue en disant que ces attitudes sont souvent liées à la culture. Prenant, hasard des hasards, l'exemple des Français. "Les Français font des longues phrases, ils parlent beaucoup, vous savez, et ils ont tendance à fixer les gens dans les yeux. C'est peut-être ce qui leur donne ce côté romantique". Discours sur la France qui dure un peu. Je ris intérieurement, m'étonnant de l'intérêt que peut susciter mon pays.

Fin du cours. Je vais le voir en lui disant ironiquement que je suis français. Eclat de rire. "Je m'en doutais un peu. Cette attitude sérieuse et à la fois romantique...". J'ai n'ai pas tout à fait saisi. Dialogue sans queue ni tête, à bien y repenser.

Cette fascination pour la France, ce couple attirance/rejet, ces discussions passionnées, je les vis tous les jours. Je crois que c'est peut-être le seul pays qui fasse autant parler ici. Je ne sais pas d'où cela vient, mais j'écoute avec attention. En faisant un sourire, évidemment.

En tout cas, à cet enseignant, je lui ai dit qu'il se méfie, je parle beaucoup, et pas seulement en français.

4 avril 2005

Visions télés.

Photographie de l'émission Forten. Vue du fort avec une question incrustée à l'écran.
Laquelle de ces propositions ne correspond PAS au nom d'un fromage français ?

A défaut d'appareil photo, mes images du moment viennent de la télévision suédoise que je viens (seulement) de découvrir. Un moyen comme un autre d'améliorer mon niveau d'écoute dans cette langue que je commence à un peu maîtriser, attention les yeux.

Sur cette télévision il y a de tout. Beaucoup de télé-réalité et de jeux. Quelques documentaires. Pas de journal télévisé à 20 heures. Des émissions de cuisine, des films exclusivement en version originale, parfois non sous-titrés.

Il y a une chaîne qui diffuse le Late Show. Il me manque certainement une clé pour trouver un intérêt à cette émission relativement indigeste.
Il y a cette autre chaîne qui diffuse la version suédoise de Fort Boyard et qui répond au nom original de Forten. Tournée dans le célèbre fort près de la Rochelle. On y entend un présentateur qui dit vers la fin du jeu, dans la langue de Molière, avec un fort accent suédois : "Monique, s'il vous plaît, tête de tigre" (oui, Félindra, cela ne devait pas sonner particulièrement terroir). On y voit également des bandeaux appelant à envoyer des sms pour gagner des week-ends en Charente. Une France qui donne l'impression d'un pays de Cocagne. Fort à parier que cette émission a reçu le soutien du tourisme local.
Enfin il y a cette chaîne qui traite peu de la mort du pape parce qu'il n'y a que 25000 catholiques en Suède. Heureusement. Je n'aurais pas survécu au déferlement médiatique qui sévit apparemment en France.

Soupçons d'été.

Photographie d'une balayeuse enlevant les petits gravillons qui avaient été mis sur la neige pour ne pas glisser. Soleil rasant, ciel bleu pur. Trottoirs gris, poussière qui vole au passage des engins de nettoyage.

Comme prévu, nous sommes directement passés de l'hiver à l'été. Le soleil a maintenant des horaires qui, il y a quatre mois, m'auraient paru indécents. 13 heures 30 de jours ce lundi. Invraisemblable.

Les lacs auparavant gelés renouent avec le mouvement, le vert fait son apparition. La neige n'a pourtant pas totalement disparu, elle survit tant qu'elle peut dans les endroits ombragés. Les magasins se remplissent d'accessoires estivaux. Planches de natation, lunettes de soleil, chaussures de sport. Les sourires deviennent contagieux.

Avec le jour, les envies de sommeil me quittent. Les premiers rayons ont tôt fait de me réveiller à six heures, pour ne partir que sur les coups de vingt heures. Je demande à voir ce que cela donnera en juin.

Envies de balades et de sorties en bateau sur les 25000 îles de l'archipel de Stockholm. Envies de grillades au bord de l'eau, de discussions de fin de soirée, à la lumière de la lampe-tempête. C'est pour l'instant encore un peu tôt, mais cela ne saurait tarder. Voilà l'été.

Et comme c'est le printemps en France, fêtons comme il se doit le retour des hirondelles de Morgan.

1 avril 2005

J'ai perdu mes yeux.

C'est toujours comme cela, lorsque l'on voyage. On perd des choses en route, dans le chambardement. Cette fois-ci, c'est dans l'avion que cela s'est passé. A la fin d'un voyage magnifique, au-dessus d'un Danemark sans nuages et d'une Suède dont les lacs partiellement gelés auraient donné des idées à Arthus-Bertrand. De nombreuses photos, comme un gamin. Et comme toujours, désordre à l'atterrissage. Des gens qui se bousculent pour sortir. Un appareil photo dans sa housse oublié sur mon siège. De multiples coups de fils passés le lendemain pour le retrouver. Aéroports, objets trouvés. Rien, évidemment.

J'accuse encore un peu le coup de cette perte. Car c'était peut-être l'un des objets les plus importants que j'avais, et je l'ai perdu. Oui, j'ai perdu mes yeux ici. Cet appareil, il avait accompagné mon arrivée ici, il avait permis d'alimenter mon carnet, de tenir tout le monde au courant. Je le trimbalais partout, sans tellement le ménager. Froid ou contre-jour, il convenait à tout.

Malheureusement je ne crois pas que je le remplacerai avant un petit moment. Ces petits engins ne sont pas particulièrement bon marché. Alors ce sera forcément pour le remplacer par un moins bon appareil, évidemment. Et en cela, je suis un peu amer (mais rassurez-vous tout de même, je ne mettrai pas de bouton Paypal, même si j'y ai l'air*).

Cela passera, mais je m'en veux. Une carte postale qui va devenir terne, subitement. Une carte postale qui ne connaîtra pas l'été suédois qui va exploser en une semaine, d'ici dix jours. Une carte postale qui ne connaîtra pas la lumière si spéciale qui règne en ce moment, avec ce soleil qui se lève vers six heures dans un ciel si pur.

Tant pis, comme dit l'autre.


*Oui je sais, mais c'était plus fort que moi.