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Carte postale suédoise: juin 2005

30 juin 2005

Couronnes suédoises.


Une pièce de 1 couronne et un billet de 20 couronnes. La pièce porte la devise du pays, "För Sverige, i tiden" ("Pour la Suède, en notre temps"). Le billet représente Selma Lagerlöf, la première femme à avoir eu le prix Nobel de littérature (en 1909). Mondialement connue pour Le merveilleux voyage de Nils Holgersson.

Hier, quelqu'un est venu ici via la requête "pièce euro suède image". Cela paraît trivial, mais je suis souvent amené à rappeler que la Suède, comme le Danemark et contrairement à la Finlande, est dans l'Union Européenne mais ne fait pas partie de l'Union Monétaire.

Rentrée dans l'Union Européenne tardivement (en 1995), la Suède a dit "Non" (à 56%) à l'introduction de l'Euro dans le pays lors d'un référendum ayant eu lieu en septembre 2003. La campagne avait été mouvementée et endeuillée par l'assassinat par un déséquilibré de la ministre des affaires étrangères Anna Lindh (favorable à l'adoption de l'Euro) à la sortie de NK, un grand magasin de Stockholm.

La couronne suédoise ("krona" en suédois, symbole sek ou kr) a une valeur relativement stable par rapport à l'Euro (1 Euro ~ 9.2 Sek). Une gymnastique mentale approximative à effectuer en faisant les courses, ce qui rend la comparaison des prix difficile et qui permet de ne pas se rendre compte que les prix sont incroyablement chers à Stockholm (et encore, Stockholm est relativement bon marché par rapport à Oslo ou Helsinki).

Les différentes pièces ont pour valeur 50 öre ("centimes"), 1 kr, 5 kr et 10 kr. Les billets ont pour valeur 20 kr, 50 kr, 100 kr, 500 kr et 1000 kr. Pour l'anecdote, les prix qui ne tombent pas juste (type 15,27 :- ) sont arrondis. 15,27 couronnes deviendront 15,50 couronnes et 15,23 couronnes deviendront 15,00 couronnes. Ce qui fait qu'une fois sur deux on ressort du magasin perdant ou gagnant. Et sachant que 50 centimes valent environ 5,30 centimes d'Euro, on peut se rendre compte que les Suédois n'ont pas voulu s'encombrer de subdivisions monétaires trop nombreuses. Comme les Finlandais qui n'utilisent plus les pièces de 1 et 2 centimes d'Euro (pièces que l'on retrouve chez les brocanteurs pour 1 Euro l'unité !).

La leçon est finie.

29 juin 2005

Au ras des pâquerettes.

Encore un très bon billet de Pascal. Très posé, très rigoureux, comme toujours. Avec des mises en perspective qui permettent de relativiser et de confirmer que J.P. Pernault, avec ses discours populistes et démagogiques qui ont sans doute plus d'impact que ceux de bien des politiques, n'a de journaliste que la carte.

Drôle à plus d'un titre.

Quand Libération a des titres d'articles dignes du Canard enchaîné... Chapeau bas, c'est très bien trouvé.

28 juin 2005

Paris, olympisme et Cinzano.

Petit stade en brique rouge, ciel gris.
Le vieil Olympiastadion de Stockholm (14 500 places) construit pour les Jeux olympiques de 1912. Il est utilisé par l'une des équipes de football de la ville, Djurgården (qui compte maintenant dans ses rangs le brillantissime Ibrahim Ba, la ville ne s'en est toujours pas remise). L'équipe de Suède joue quant à elle au Råsunda, un grand stade moderne situé à Solna, en banlieue.
(Photographie prise en octobre 2004)

Attention, il y a un jeu de mots honteux dans le titre, celui-ci vous prévenant que la discussion ici va ressembler à celle du café du commerce.

Au passage, j'espère que cette note anodine m'attirera moins de foudres qu'il y a un mois. Dussé-je y perdre quelques dents au passage, fût-ce pour un sujet aussi léger. Pouf pouf, deux subjonctifs imparfaits dans la même phrase.


J'avais heureusement un peu échappé à ça. Mais depuis que je suis revenu au pays de Molière, c'est la déferlante. Paris 2012 par-ci, Jeux olympiques par-là, "Tous ensemble pour Paris" d'un côté, "Madame apposez cet autocollant Paris-2012-qui-lave-plus-blanc sur votre pare-brise" d'un autre.

L'organisation des Jeux Olympiques à Paris, je m'en fous. A un point que l'on ne peut pas imaginer. Les lanternes que l'on fait miroiter aussi. De la même manière que les créations d'emplois précaires saisonniers que la chose va engendrer.

Il y a des arguments pitoyables : "L'organisation des J.O. à Paris va permettre de faire des travaux qui rendront la ville et les transports en commun plus accessible aux personnes handicapées" (cherchez le sous-entendu). D'autres plus naïfs : "Avec notre produit, nous espérons profiter de la présence des J.O. à Paris pour mettre fin au règne de Coca-Cola sur l'olympisme" (véridique). D'autres amusants : "Nous essaierons de retrouver l'esprit originel des Jeux" (tu parles que ça fait longtemps qu'il est parti, l'esprit d'Athènes 1896). D'autres utopiques : "La trêve olympique pour Paris 2012, ça serait beau".

J'aime le sport. Même si je n'en parle pas beaucoup. J'aime les J.O. qui permettent de mettre en lumière des sports habituellement peu médiatisés, l'athlétisme et l'aviron en tête. Mais. Le sport mérite-t-il la place qu'il a actuellement ? Est-ce une raison pour faire passer l'actualité internationale au second plan ? Faut-il nécessairement faire "plus et mieux" que la précédente olympiade ? Les villes olympiques ont-elles réellement bénéficié de la venue des jeux ? Les emplois créés ont-ils été pérennisés ?

Ce qui sera crispant avec l'organisation des J.O. à Paris, c'est l'overdose médiatique à laquelle la France entière aura droit. Si Paris perd, deuil national pendant une semaine. Mais si Paris gagne, nous en prenons pour 7 années de calvaire médiatique. La mort du Pape puissance quatre. Surtout pour les provinciaux, finalement. Chose dont les Parisiens ne se rendront pas forcément compte.
Exemple en passant : combien de fois a-t-on entendu parler sur les chaînes nationales et les radios des fameux couloirs de bus parisiens ? Qu'est-ce que la France a à faire de la congestion de la rue de Rivoli, franchement ? S'intéresse-t-on à la construction du sixième pont de Rouen ? Ah oui, toutes les radios et chaînes ont leurs bureaux à Paris. Alors point de Paris, point de salut.
Imaginez donc... La réfection des boulevards, les travaux dans le métro... Autant de choses que l'on fera subir aux Parisiens (hum, la circulation, les embouteillages, la pollution...), mais également à la France entière qui s'en tamponne joyeusement le coquillard.

Pour continuer sur le déséquilibre Paris/Province, j'ajouterai seulement que l'ardoise de ces J.O. sera payée par la France entière au bénéfice d'une seule ville. Car qui profitera des nouvelles infrastructures ? Qui profitera des emplois saisonniers ? Les provinciaux qui ne vont jamais à Paris et qui pourtant ont payé? L'occasion donc de contribuer encore à l'hyper-développement de la région Île de France et de délaisser des zones sinistrées économiquement parlant.

Alors pour moi, les J.O. à Paris, ce n'est pas Oui. Ni Non. Ni Noui. Plutôt bof, finalement. Seulement l'occasion d'assister à une olympiade grâce au comité d'entreprise de tonton Lucien qui a réussi à obtenir des places. Et une gentille rentrée de T.V.A. qui, elle, bénéficiera à l'ensemble du pays aussi. Mais je crois que c'est tout.

A bien y réfléchir, la seule chose que je trouve positive à cette candidature, c'est d'avoir exhumé cette très jolie chanson qu'est A Paris de Francis Lemarque. Même si elle sera chantée par Céline Dion accompagnée par Les Choristes (sic). La voix magnifique d'Yves Montand, ça avait quand même plus de gueule.

Sinon je viens de me rendre compte aujourd'hui que mon lapin nain (de son petit nom "flocon" car il est tout blanc) a dix ans et demi, puisqu'il est né en mars 1995.

27 juin 2005

Joutes verbales.

Un hortensia pas encore fleuri.

Suite à un billet (que je soutiens et sur lequel je reviendrai, mon humeur trollesque du moment m'y oblige), Miss Lulu, un peu remontée, se croit obligée de se justifier après avoir été un peu critiquée sur son billet un peu acerbe envers Paris. Je cite :

C'est anti-français de dire que paris est pollué ? C'est anti-français de dire que ses restaurants sont enfumés ? C'est anti-français de dire que c'est une ville inaccessible aux handicapés, poussettes, et personnes âgées ??? Ca me rappelle quelque chose... Ah oui, je me souviens maintenant, c'est comme de dire que c'est anti-américain d'être contre la guerre en Iraq, que c'est anti-américain d'être contre Bush, que c'est anti-américain d'aimer la France! Ouaip, je m'en souviendrai, dans le monde on doit surtout tous penser pareil parce que tous ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous!

Sur ce coup, et malgré tout le bien que je pense de Paris par moments (bien que provincial, je connais très bien cette ville et je l'admire bien souvent), j'appuie Lulu sur son analyse.

J'ai bien souvent critiqué Paris et la France sur le non-respect des personnes handicapées. Est-ce que cela fait de moi quelqu'un d'anti-français, moi qui suis évidemment bien plus français que suédois ? Lorsque je critique la France (en la comparant souvent maladroitement à la Suède), je crois que c'est dans un but constructif.

Paris est une ville magnifique sur bien des points. Est-ce que cela la rend inattaquable ? N'est-ce pas inadmissible de voir la capitale de la France (qui aime à loisir donner des leçons) aussi peu équipée en termes d'infrastructures pour personnes handicapées ? Est-ce normal de voir une ville qui a tant d'argent (qu'on ne me dise pas le contraire, les finances de Paris sont copieusement excédentaires) faire aussi peu d'efforts en matière de pollution ?

Je ne le crois pas. Et en disant cela, je me sens encore plus français, car ce manque de structures nuit à la ville et me fait un peu honte en voyant Stockholm qui est, sur ce point, bien plus en avance. "Qui aime bien châtie bien", dirait-on. Toujours est-il que c'est en voyageant un temps soit peu à l'étranger que l'on apprend l'humilité et que l'on constate que ceux qui trouvent la France irréprochable n'ont jamais dû accompagner une personne handicapée dans la vie de tous les jours.

Sinon, juste pour dire qu'aujourd'hui, Libération nous fait une jolie dissonance cognitive en consacrant un dossier (un peu enthousiaste) à l'anti-consumérisme et à la décroissance, tout en offrant sa page de garde à une grande chaîne de supermarchés (faisant tomber le prix du journal à 1 euro par la même occasion). Je vous laisse trouver les vecteurs de cette dissonance...

24 juin 2005

Les ascenseur Otis.

Dans l'entrée de l'immeuble HLM dans lequel habitent mes parents (et moi de manière très épisodique) se trouve depuis quelque temps une banale feuille A4 punaisée sur le panneau d'affichage. "L'ascenseur est en travaux du 13/06 au 15/07". Point.

Immeuble de 7 étages où vit une quantité importante de personnes âgées (voire très âgées), de jeunes mères avec poussettes, de nourrices ou de personnes comme vous et moi qui ont parfois des choses lourdes à monter ou à descendre.

Un ascenseur qui avait grand besoin d'une réfection au vu de ses pannes (très) fréquentes. Certaines personnes ont même parfois eu la surprise d'ouvrir la porte de l'ascenseur et de contempler un trou béant et une cabine absente. Une inattention aurait vite pu conduire à un drame semblable à ceux qui ont émaillé d'autres immeubles HLM il y a quelque temps.

Un mois de travaux, donc. Un mois. Un mois qui va être synonyme de calvaire pour une bonne partie de l'immeuble. J'imagine sans mal les craintes que peuvent avoir certaines personnes qui ne vont plus pouvoir sortir de chez elles, ne serait-ce que pour aller chercher le courrier. Et lorsque l'on sait que nombre de personnes âgées n'ont pas de famille proche pour les aider, je vous laisse imaginer le désastre. Aucune aide proposée par l'office HLM, les habitants ont même dû installer des chaises eux-mêmes à chaque étage pour permettre aux gens fatigués de se reposer un peu.

Là où mon incompréhension face à une telle lenteur laisse place à la colère, c'est lorsque je constate le montant effarant du contrat d'exclusivité qu'avait décroché Otis pour équiper les immeubles HLM de ma ville. Un contrat en or qui comprenait une clause d'intervention hyper rapide en cas de défaillance et qui couvrait l'intégralité des réparations que pouvait subir un ascenseur.

Au lieu de cela, qu'avons-nous eu ? Aucun remplacement préventif de pièces qui étaient responsables de pannes à répétition, un rafistolage approximatif des pièces défectueuses, selon la bonne logique qui semble s'imposer du "aucun frais préventif, on ne répare que lorsque c'est vraiment en panne. Tout pour le profit immédiat". Et nous voilà arrivés à cette situation où il faut refaire l'engin de A à Z.

L'idée m'effleure juste que si cela s'était déroulé dans un immeuble de copropriété, le syndic aurait monté au créneau rapidement. Mais le pouvoir des locataires de HLM...

Rien à voir mais suite aux bons conseils de Miss Lulu, j'ai acheté ce matin Petits suicides entre amis d'Arto Paasilinna (que j'ai d'ailleurs eu du mal à trouver au format de poche). Après Nils Holgersson hier, mes achats littéraires sont définitivement nordiques. Evasion en ces temps de grosses chaleurs qui n'en finissent pas et que j'ai vraiment du mal à supporter.

23 juin 2005

La France n'a définitivement pas changé.

Vue de la côte, quelques rochers.
La côte ouest de Lidingö vue de Norra Djurgården.

Décidément, rien ne change, sauf le clavier sur lequel j'écris aujourd'hui. Rouen est toujours aussi étouffante en été, j'ai toujours autant les yeux qui piquent lorsque je reviens de Suède, la nourriture est toujours aussi bonne et les étals des marchés toujours plus garnis et appétissants qu'à Stockholm.

Sarkozy joue toujours au souverain tout-puissant nous gratifie toujours de sorties tonitruantes (avec une mention spéciale pour la dernière en date), des personnes ont toujours de beaux rêves (j'avais vu un long reportage à Thalassa dessus il y a un moment, il a bien progressé depuis), et le sable que j'ai ramené mardi de Stockholm ressemble curieusement à certains autres de la collection.

Et moi j'ai honte, j'ai acheté ce matin pour les vacances l'édition complète (640 pages) du Merveilleux voyage de Nils Holgersson en français alors que j'aurais pu l'acheter en version originale il y a une semaine. Cela dit, ce sera toujours un plaisir de lire ces noms de lieux suédois que je connais maintenant. Rien ne change...

21 juin 2005

Retour au pays.

Des vaches au milieu d'un champ.
Ne vous détrompez pas, c'est la Suède, et ce ne sont pas des vaches montbéliardes. Cela dit, ma destination de vacances y ressemble furieusement.

Je me souviens de mon premier jour ici. Un peu perdu au milieu de ce flot d'informations nouvelles. Fatigué d'avoir traîné une valise extrêmement lourde en cherchant mon appartement. Le matin, en prenant l'avion, je pensais à toutes ces choses qui me paraissaient insurmontables. Je n'avais aucune notion de suédois. Je ne savais pas comment je trouverais un appartement pour la deuxième année. Et puis... C'est finalement devenu si facile, tout cela.

Et voilà. Une année qui se termine. Retour en France pour mieux revenir en août. Une année extraordinaire qui prend fin. J'espère que la prochaine le sera tout autant. En attendant, j'espère ne pas trop souffrir d'une chaleur à laquelle je ne suis plus habitué. Mon principal souci, en fait.

20 juin 2005

Un grand classique de l'expatriation.

3 gratte-ciels en verre avec des reflets.
Stockholm. Trois des cinq tours de Sveavägen, au niveau de la Sergels Torg.

Ce matin un voisin australien a glissé sous ma porte une de ces fameuses feuilles auxquelles tous les expatriés ont eu droit un jour ou l'autre. Une de ces choses bon enfant auxquelles j'ai souvent droit et qui m'a fait en tout cas rire pendant un bon moment. Morceaux choisis :

(pardonnez à l'avance ma traduction maladroite)

You know you've been in Sweden too long when...
Vous savez que cela fait trop longtemps que vous êtes en Suède quand...

The first thing you do upon entering a bank/post office/chemist etc. is to look for the queue number machine.
La première chose que vous faites en entrant dans une banque/un bureau de poste/une pharmacie etc. est de chercher le distributeur de tickets pour faire la queue.

You accept that you will have to queue to take a queue number.
Vous vous faites à l'idée que vous allez devoir faire la queue pour prendre un ticket de queue.

Oh, que oui ! Et je crois que c'est un des points communs à tous les pays scandinaves !

When a stranger on the street smiles at you, you assume:
a: he is drunk
b: he is insane
c: he's an American
Quand un étranger vous sourit dans la rue, vous pensez :
a: qu'il est ivre
b: qu'il a une case en moins
c: qu'il est américain
When a stranger asks you a question in the streets, you think it's normal to just keep walking, saying nothing.
Quand un étranger vous demande une question dans la rue, vous pensez qu'il est normal de continuer à marcher en ne disant rien.
You assume that anyone who apologises after bumping into you is a tourist.
Vous partez du principe que quelqu'un qui s'excuse après vous avoir bousculé est un touriste.

Oh, c'est sévère. Même si beaucoup d'amis étrangers me le disent également, mais je n'ai pas eu cette impression. En tout cas pas plus qu'à Paris où les sourires et les excuses ne courrent pas les rues non plus.
A sharp intake of breath has become part of your vocabulary, as has the sound "Jah hahh".
Une forte inspiration est rentré dans votre vocabulaire, comme par exemple le son "Jah hahh".

Difficile de comprendre cela lorsque l'on ne parle pas suédois. Dans une conversation, les Suédois ont toujours tendance à avoir une forte interaction avec la personne avec laquelle ils parlent. A grands coups de "precis" (que l'on traduirait par le "c'est clair" qui était à la mode en France il y a un certain temps) qui interviennent à tout bout de champ. Et de "Jaha", qui marquent un petit étonnement. Une manière de parler assez difficile à acquérir, finalement.
Your idea of unforgivable behaviour now includes walking across the street when the light is red, even though there are no cars in sight.
L'idée que vous vous faites de comportements impardonnables inclut maintenant le fait de traverser la rue quand le feu est rouge, même s'il n'y a pas de voiture à l'horizon.

Your old habit of being "fashionably late" is no longer acceptable. You are always on time.
Votre vieille habitude d'être "raisonnablement en retard" n'est plus acceptable. Vous êtes toujours à l'heure.

Et oui ! Une caractéristique des pays du nord et de l'Allemagne, je crois. Encore qu'à Stockholn les feux sont parfois relativement peu respectés par les piétons.
You no longer see any problem wearing white socks with sandals.
Vous ne voyez plus aucun problème à porter des chaussettes blanches sous vos sandales.

You enjoy the taste of surströmming and lutfisk.
Vous adorez le goût du surströmming et du lutfisk.

You think that riding a bicycle in the snow is a perfectly sensible thing to do.
Vous pensez que faire du vélo dans la neige est une chose parfaitement sensée.

Having to book seat numbers at a cinema makes perfect sense. And you sit in your booked seat even if there are only 2 other people there and your seat is in the front row, on the side.
Devoir réserver vos fauteuils au cinéma est parfaitement normal. Et vous vous asseyez dans votre fauteuil réservé, même s'il n'y a que 2 personnes et que votre fauteuil est au premier rang sur le côté.

You regard it as sensible to eat ice cream when it is -15C.
Vous pensez qu'il est sensé de manger une glace alors qu'il fait -15 degrés.

You associate Friday afternoon with a trip to systembolaget.
Vous associez le vendredi après-midi à un passage au Systembolaget.

It seems sensible that the age limit at Stockholm night clubs is 25.
Il semble normal que la limite d'âge dans les discothèques de Stockholm soit de 25 ans.

You wear warm clothing when it's 25 degrees plus in April - because it's April.
Vous portez des vêtements chauds quand il fait 25 degrés en avril - parce qu'on est en avril.

You wear shorts and t-shirt when it's barely 10 degrees in July - because it's July.
Vous êtes en bermuda et en t-shirt alors qu'il fait à peine 10 degrés en juillet - parce qu'on est en juillet.

Your wife watches TV while you look after the kids.
Votre femme regarde la télévision pendant que vous vous occuppez des enfants.

You spend the week's entertainment budget on a pack of cigarettes and a drink in Gamla Stan.
Vous dépendez le budget "amusement" de la semaine en buvant un verre à Gamla Stan.

It seems reasonable that even those begging for money at T-centralen reach for their pocket as the melodic music of the Swedish mobile phone resounds.
Il semble normal que même les mendiants à T-Centralen fouillent leur poche lorsque la sonnerie d'un téléphone retentit.

Paying $6 for a cup of coffee seems reasonable.
Payer une tasse de café 4 euros semble raisonnable.

You get offended if, at a dinner party, someone fails to look you in the eyes after raising their glass for a toast.
Vous vous sentez offensé quand, lors d'un dîner, quelqu'un ne vous regarde pas dans les yeux lorsqu'il trinque avec vous.

You manage to convince yourself that you really enjoy eating potatoes, tuna, pasta and sausages and it's not just because that's all you can afford to eat here.
Vous arrivez à vous convaincre que vous adorez manger des pommes de terre, du thon, des pâtes et des saucisses et que ce n'est pas seulement parce que c'est tout ce que vous pouvez vous permettre de manger ici.

When offered a bottle of beer the first thing you look at is the alcoholic percentage.
Quand on vous offre une bière, la première chose que vous regardez, c'est le pourcentage d'alcool.
You use the alcohol percentage-per-kroner standard for measuring the quality of beer and wine.
Vous utilisez le ratio pourcentage d'alcool/couronne pour mesurer la qualité d'une bière ou d'un vin.

Hearing the word f*ck on daytime TV seems perfectly normal.
Entendre le mot f*ck à une heure de grande écoute semble parfaitement normal.

"It's 5 degrees outside" does not necessarily mean PLUS 5, it could mean minus 5.
"Il fait 5 degrés dehors" ne signifie pas nécessairement PLUS 5, il peut très bien faire moins 5.

You hide 5 or 6 bottles of spirits in your suitcase, one or two in your backpack, and put just one in the duty free shopping bag.
Vous cachez 5 ou 6 bouteilles d'alcool dans votre valise, une ou deux dans votre sac à dos et juste une dans le sac plastique de la boutique de duty free.

You have 53 different recipes for herring and you're about ready to clip number 54 from Dagens Nyheter.
Vous avez 53 recettes différentes de hareng et vous vous apprêtez à découper la 54ème dans le Dagens Nyheter.

You think that the 25kr ICA bonus cheque is generous after spending 2500kr in their shop.
Vous pensez que le bon de réduction de 25 couronnes chez ICA est généreux après avoir dépensé 2500 couronnes chez eux.

You know you have to hurry home to stop the ice cream from getting too hard.
Vous savez que vous devez vous dépêcher de rentrer à la maison avant que la glace ne devienne trop dure.

(je l'aime bien celle-là)
The idiots in all your jokes are Norwegian.
Les idiots dans vos blagues sont norvégiens.


Une liste énorme. Vraisemblablement trouvée ici. Et une bonne heure de fou rire, de clichés mais de clins d'oeils vraiment véridiques.

Le parc national de Tyresta.

Imaginez un peu... Paris, 14 heures. Vous avez entre trois et quatre heures devant vous, vous ne savez que faire. Vous descendez aux Halles, RER B. Huit ou dix minutes vers le sud, pas plus. Puis vous prenez un bus une vingtaine de minutes. Et vous arrivez au Parc national des Ecrins. Deux heures de marche pour s'aérer dans une forêt immense après avoir quitté le travail. Des lacs, des sentiers, des animaux. Et une heure plus tard, vous avez retrouvé le coeur de Paris. Le rêve, non ?

Petites plantes humides.

À environ trente minutes du centre de Stockholm se trouve le parc national de Tyresta (information disponible en anglais et en allemand également), l'un des 28 parcs nationaux de Suède. Avec ses 1970 hectares, il est l'un des plus petits du pays (mais également le plus proche de la capitale !).



Dépaysement garanti, évidemment. Des dizaines de lacs de plus ou moins grande taille. Une végétation qui par endroits fait penser à celle que l'on trouve dans les tourbières. Quelques arbres qui semblent avoir souffert de la tempête qui a touché la Suède en début d'année.



Des kilomètres de chemins déserts, avec quelques panneaux indiquant des circuits spécialement aménagés pour être parcourus avec une poussette. Pas un bruit, si ce n'est celui des oiseaux. On en vient à pester contre l'avion qui passe au-dessus. Complètement isolé. Parfois on se dit qu'il ne vaudrait mieux pas qu'il arrive d'ennuis.

Et on est pris de vertige en constatant que l'on a eu peur d'être seul et d'avoir un problème alors que l'on est seulement à une vingtaine de kilomètres du coeur d'une capitale...

Parc national de Tyresta - Pendeltåg direction Nynäshamn ou Västerhaninge, arrêt Haninge Centrum. Puis bus 834 jusqu'à Tyresta by.

19 juin 2005

Maintenance.

Årsjön, un joli lac du parc de Tyresta.

Un problème inexpliqué m'empêche en ce moment de répondre aux commentaires que vous avez laissés sur ce carnet, comme si mon adresse IP était bannie alors que ce n'est pas le cas. Je planche sur la chose, tout en réfléchissant aux photographies que je mettrai en ligne demain. Il y aura des arbres. Et des lacs aux reflets purs. Des animaux, également. Il manquera malheureusement cette odeur de résine ou de tourbe...

18 juin 2005

The Perishers, une découverte sympathique.

En ce moment passe à la télévision une très bonne publicité contre la persécution (bizutages, railleries et autres joies qui sévissent encore dans les écoles).

(pour information, "Du har väl inte glömt hur det var att gå i skolan?" peut se traduire par "Vous n'avez bien sûr pas oublié ce que c'était que d'aller à l'école ?" et "Hjälpa oss stoppa mobbningen" par "Aidez-nous à arrêter la persécution")


Au-delà du sujet même de cette campagne publicitaire (un thème dont on parle généralement peu et vis-à-vis duquel on ferme souvent les yeux), j'ai été gentiment séduit par le son de cette guitare qui accompagne un film très bien réalisé. Une ritournelle qui a trotté dans ma tête dès la première fois et dont je n'ai pu me débarasser. En général, c'est plutôt bon signe.

La chanson qui illustre ce film est My heart (album Let there be morning) du jeune groupe suédois The Perishers (site en Flash, la chanson est à écouter dans la catégorie "Audio & Video").

Une chanson simple, que j'écouterai sans doute pendant une semaine. Et que j'oublierai sans doute bien vite. Mais je la garde pour le moment, et la publicité avec.

Des mélodies et une voix qui me font étrangement penser à Tahiti 80, quand même.

Quand IKEA voit double...

Vue en plongée sur la mer.

Le 24 juin prochain a lieu, comme tous les ans, la fête traditionnelle de la midsommar (l'équivalent de la Saint-Jean en France). Une grande fête populaire pour célébrer l'été et l'apogée de la durée du jour. Et malheureusement, comme c'est de plus en plus le cas, l'occasion pour tous de se prendre une énième cuite.

Car, et c'est bien triste de le dire, chaque fête (même la fête nationale, c'est pour dire) est maintenant devenue un prétexte pour boire à outrance entre amis ou en famille. Malgré tout ce que l'on peut dire, l'alcoolisme est un réel problème en Suède, comme dans un certain nombre de pays nordiques.

Hier, la Svenska Dagbladet a publié un article concernant la célèbre marque de meubles suédoise. La branche allemande de l'entreprise a lancé en Allemagne une campagne de publicité annonçant des promotions à l'occasion de la midsommar. Trois différentes publicités (visibles ici et je vous les conseille fortement, elles valent vraiment le détour) mettant en scène des Suédois passablement éméchés célébrant la midsommar.

Une campagne qui n'a évidemment pas été du goût de IKEA Suède qui en a réclamé le retrait, choqué de voir le pays décrit comme un refuge d'alcooliques. Sachant que l'Allemagne est le plus gros marché européen de l'entreprise, force est de constater que la communication interne n'est pas aboutie, fût-ce pour un groupe de cette importance. Toujours est-il que la campagne aura atteint son but, faire parler de la marque.

Quand la publicité remue des sujets de société qui fâchent et met un pays en face de la réalité...

17 juin 2005

Brèves de piètre qualité.

Un voilier entre dans le port de Nynäshamn.

Je connais la définition des expressions "ampoules aux mains" et "jambes lourdes".

Un jour, j'essaierai de trouver pourquoi mes déménagements sont toujours effectués en période de canicule. 22°C à 9 heures du matin, cela surprend, surtout à Stockholm (bien que le déménagement effectué en France en juillet 2003 ne sera jamais égalé sur ce point).

J'aurais théoriquement dû effectuer ce déménagement en un voyage, j'estimais que j'allais le faire finalement en deux, et j'en ai fait trois.

C'est avec des bagages lourds et volumineux que l'on apprécie les rames de métro larges et de plain-pied ou les ascenseurs dont la porte s'ouvre automatiquement de manière mécaniquement assistée en appuyant sur un bouton.

Je constate qu'à peine arrivé et ma connexion Internet ouverte, j'écris un (piètre) billet. En terme de geekeries et autres asocialités, je ne donnerai donc plus de leçons.

15 juin 2005

Stockholm au ralenti.

Profilés d'aluminium s'élevant en l'air.
Kista, ligne bleue, Lars Erik Falk. Profilés d'aluminium de 16 mètres. La seule station aérienne de la ligne bleue. Au coeur de la Science City, après une sortie spectaculaire de la forêt, une vingtaine de mètres au-dessus de la route.

Énième déménagement demain. Belle journée à faire la navette dans le métro, une valise énorme dans la main droite, un sac à dos plein à craquer sur l'épaule. Vivement que tous ces déménagement se calment, tout de même.

Le temps que ma ligne Internet soit ouverte (oui, je retrouve Internet chez moi, cela faisait huit mois que j'en étais privé), je serai sans doute rentré en France. Ce carnet va donc tourner au ralenti, le temps de ranger les affaires et de trouver mes marques dans ce nouveau logement.

Cela vous fera le plus grand bien d'arrêter de me lire quelque temps, tiens. Allez profiter du soleil dehors, il n'y a que ça de vrai.

Nynäshamn ou comment bien commencer l'été.

Côte rocheuse de Nynäshamn.
Derrière la ligne d'horizon, la Finlande.

C'est devenu une drogue. Hier, j'ai éteint l'ordinateur, quitté l'université et suis retourné à Nynäshamn. Mais cette fois j'avais plus de temps devant moi, alors je suis allé plus loin.

Une branche d'arbre étouffant sous le lychen.
L'air est pur par ici, pas de doutes.

J'ai longé la route des crêtes, celle qui marque la fin de l'archipel. Presque plus d'îles. Seulement la Baltique. Cette mer qui, par endroits, n'est finalement pas si froide que cela. Des dizaines de petites criques désertes. Un ciel tout bleu avec un soleil encore bien haut pour une fin d'après-midi.

Des rochers émergeant de l'eau.

Petit vent d'est un peu chaud. Et une végétation qui a changé. Davantage de rochers, moins de sapins. Beaucoup de pins. Une légère odeur de vase et de sel.

Un petit serpent vu de dessus.
Un petit serpent qui se prélasse sur la route. Heureusement pour lui que la route est très peu fréquentée par les voitures...

Ce sont les vacances sur la carte postale, vous m'excuserez de faire parler davantage les photos que les mots...

Note pour les heureuses personnes qui transiteraient par Stockholm : Nynäshamn est à environ 1h10 de T-Centralen par le Pendeltåg (donc "gratuit" si l'on a une carte SL). Descendre à Nynäs Havsbad, avant-dernière station. Prendre Strandvägen et descendre au sud, après le port de plaisance. On peut faire environ une dizaine de kilomètres à pied en longeant tantôt des falaises, tantôt des plages de galets. La ville elle-même est sympathique, avec des petites boutiques furieusement bretonnantes. Le dépaysement vient uniquement de la langue !

Je devrais envoyer un CV au Guide du routard, ils recherchent peut-être du monde...

14 juin 2005

Il fallait bien que cela arrive...

Un lilas violet en fin de floraison.

Hier, quelqu'un a atterri sur ce carnet en ayant tapé la requête "He's in a family full of eccentrics". Hum. Hum.

13 juin 2005

Pensées bretonnantes.

Forteresse au bord de l'eau, voilier passant devant l'objectif.

J'ai profité de ce week-end ensoleillé pour retrouver un département qui me tient à coeur, le Morbihan. Tout y était. Un peu de mer, de vent et de courant. Quelques mouettes.

Un bateau de pêche bleu immatriculé SM
SM, ce n'est évidemment pas Saint-Malo.

Vous ne me croyez pas ? Non, et vous avez raison. Je me suis contenté de Vaxholm et de Nynäshamn, respectivement à 40 kilomètres au nord-est et à 60 kilomètres au sud-est de Stockholm. Aux extrémités des 25000 îles de l'archipel. Deux endroits que j'avais vus en automne, mais que j'ai complètement redécouverts en été.

Port de plaisance à travers les arbres.

Ce n'était pas le Morbihan. Et pourtant, on s'y serait volontiers cru. Des anses toutes bretonnes, une forteresse ressemblant par moments à celle de Port-Louis près de Lorient. Un petit port s'inspirant d'Auray, dans le golfe. Les mêmes magasins aux devantures bleues et blanches, vendant des maquettes grossières de bateaux ou des lampes tempête rutilantes. Il y avait cette queue devant le glacier, aussi.

Une jolie anse à Nynäshamn.

Et pourtant. Il manquait quelques vagues. La Baltique a l'air bien timide devant l'Atlantique. Il manquait les crêpes beurre-sucre, aussi. Et les galettes saucisses. Le Kouign Amann que l'on trouve dans la rue Saint-Vincent de Vannes manquait également à l'appel.

Mais c'était bien.

N'y voyez pas un message subliminal trahissant une furieuse envie de galette saucisse ou de beurre sucre, hein.

10 juin 2005

Des détails qui comptent.


Station Slussen, lignes verte et rouge, Bernt Rafael Sundberg. Mur bleu percé de triangles séparant les différentes voies. Sans doute l'une des stations les moins réussies.

En montant dans un bus il y a quelques jours, j'ai eu une sensation étrange lors du trajet. Comme s'il manquait quelque chose. Et je ne savais pas quoi. Et tout à coup j'ai trouvé. Les stations n'étaient pas annoncées à l'avance par haut-parleur. Elles étaient uniquement affichées sur un panneau lumineux.

En France, cela ne m'aurait guère surpris. L'accessibilité, malgré toutes les belles promesses faites en 2003 lors de l'année du handicap, n'est pas encore de mise. Et même si je ne souffre d'aucun handicap, c'est une question qui m'est chère. Et malheureusement, la France ne reçoit à ce niveau pas la palme. Indigne d'un pays qui dit défendre les exclus. Prendre les transports en commun lorsque l'on est aveugle ou dans un fauteuil roulant, cela relève du parcours du combattant, si ce n'est pire. Parfois j'avais eu quelques bonnes surprises, à Nantes notamment, lorsque j'avais vu que la plupart des bus pouvaient accueillir des fauteuils roulants en se penchant grâce à des vérins hydrauliques. Mais la plupart du temps, c'est la colère. Les stations sont-elles annoncées à l'avance dans le métro parisien ? L'espace d'un instant je me mets dans la peau d'un aveugle qui devrait compter les stations pour savoir quand il doit descendre...

Malgré un certain nombre de reproches que l'on peut faire à SL (l'équivalent de la RATP à Stockholm), les transports en commun de la capitale suédoise sont sur ce point relativement inattaquables. Des ascenseurs dans chaque station de métro et des wagons larges à fond plat, ce qui permet aisément de voyager en fauteuil roulant, avec une grosse valise ou avec une poussette. C'est d'ailleurs assez extraordinaire, cette impression de voir des poussettes partout. C'est simplement qu'elles empruntent davantage les transports en commun qu'en France, alors on les voit.

S'ajoute à cela une très grande majorité de bus équipés de signaux lumineux et sonores annonçant les stations. Et un nouveau modèle de Pendeltåg (l'équivalent du RER) qui sera entièrement en fond plat, contrairement aux modèles actuels.

Même s'il n'est évidemment pas opportun de comparer Stockholm et Paris (l'une a évidemment beaucoup plus de voyageurs que l'autre et doit gérer davantage de problèmes), j'ai toujours cette impression d'archaïsme lorsque je retourne en France. Et je me dis que les médias pourraient jouer un grand rôle à ce niveau, mais les personnes handicapées ne semblent pas avoir voix au chapitre dans mon cher pays...

9 juin 2005

Mon premier spam de commentaires.

C'est ici. Et, comme dirait l'autre, gros dossier. M'est d'avis que ce billet n'y est pas étranger. Mais je le savais, Bix charrie un certain nombre de trolleurs fous derrière lui (gros smiley "clin d'oeil" de rigueur).

J'en profite par la même occasion pour dire que, même si Haloscan n'est pas une solution optimale pour Blogger (qui, à l'époque à laquelle j'ai ouvert mon carnet, proposait un système de commentaires plus que lourd), il a le mérite de ne pas attirer les spammeurs à la recherche d'une once de PR puisque les commentaires ne sont pas indexés par les moteurs de recherche. Ouf.

8 juin 2005

Il y a trop de gens qui mème.

Quelques vues de l'archipel de Stockholm. Îles couvertes de forêts sans aucune habitation.

Vous avez le droit de m'insulter au vu de la médiocrité de ce titre, je vous en prie.

Cela faisait un moment qu'il tournait sur la blogosphère, ce mème, et il a fini par passer par chez moi.

Je réponds donc à Morgan (décidément, je/il m/s'acharne), mais en trichant car cette année aura été en ce qui me concerne relativement calamiteuse sur le plan littéraire, vous comprendrez aisément pourquoi ! L'occasion donc de revenir un an en arrière, juste avant de quitter Nantes.

1. Combien lisez-vous de livres par an ?


En ne comptant que les livres à proprement parler (essais, romans), je dirais environ quarante ou cinquante. Il fut une période durant laquelle j'avais pris la résolution de lire au moins deux livres par semaine. Elle n'a pas tenu longtemps, mais je me souviens avoir lu de beaux livres à l'occasion.

Parmi ces livres, une grande majorité de classiques. Ou tout du moins une très grande majorité de livres qui ont été écrits il y a plus de 20 ou 30 ans. Quelques essais. Aucun policier ou livre d'espionnage (un genre que je n'ai jamais supporté). Fans de Patricia Cornwell, Robert Ludlum ou autre Tom Clancy, passez donc votre chemin.

Contrairement à Morgan, je ne lis que très peu (voire quasiment aucune) bande dessinée. C'est étrange, je ne sais pas pourquoi. J'ai pourtant eu nombre de personnes qui, dans mon entourage, étaient passionnées par la chose, mais c'est un genre qui ne m'a guère touché. Bizarre.

2. Quel est le dernier livre que vous ayez acheté ?

En Suède, alors que l'on trouve de nombreux livres en version originale (j'avoue que je n'ai pas encore le courage de me plonger dans 300 pages écrites en suédois), je n'ai pas acheté de livre. Alors que chez Åhléns, il y avait tant de livres dans la langue de Shakespeare ou de Goethe qui me tendaient les bras. Tant pis. Cela dit, il faudra au moins que je m'achète un livre des aventures de Niels Holgersson (Selma Lagerlöf), le héros aux oies sauvages grâce auquel tous les petits Suédois ont appris la géographie.

En France, le dernier livre que j'aie acheté est Moderato Cantabile, de Marguerite Duras. Je ne l'avais curieusement jamais lu. Une atmosphère déroutante, sur le fil. Curieusement, j'ai eu par moments les mêmes sensations que lors de la lecture de L'étranger de Camus. Sans trop comprendre pourquoi.

3. Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Je crois qu'il s'agit de A brief history of time de Stephen Hawking. Un livre qui tente d'expliquer en partie le big bang et l'origine du temps. Presque métaphysique, pas forcément facile d'approche pour qui n'a jamais fait de mécanique quantique. Il est cependant très bien écrit un homme plein d'énergie, titulaire de la chaire de "physique appliquée" de Cambridge (excusez du peu), malheureusement atteint d'une grave maladie neurologique qui le cloue dans un fauteuil roulant et le prive de la parole.

4. Listez 5 livres qui comptent beaucoup pour vous ?

Alors... Faisons travailler la mémoire...

Les choses, de Georges Perec. Il fallait un livre de Perec, forcément. J'aurais pu choisir également La vie, mode d'emploi. Mais je me suis tourné vers le plus "conventionnel" des deux. Beaucoup de choses à dire sur ce roman difficilement cernable. Roman que certains ont qualifié de "premier roman sociologique". Certains y ont vu une critique de la société de consommation. D'autres la déroute de la vie de couple.

Ce n'est pas mon genre de faire de la pub, mais il existe un recueil en papier bible qui est incontournable pour qui veut découvrir cet éminent membre de l'Oulipo.


Les héritiers, de Pierre Bourdieu. Même si ce n'est pas un roman. Même s'il y a des tableaux et des graphiques à l'intérieur. Même si j'ai osé le lire dans le tramway à Nantes pendant deux semaines. Mais voilà. Parce que j'ai fait une grande école (je n'ai jamais compris pourquoi beaucoup l'écrivent avec une majuscule) et que je faisais partie de la minorité d'étudiants qui ne venait pas de ce fameux milieu "CSP+". Parce que Bourdieu a voulu renforcer l'approche scientifique existant en sociologie. Parce que...

La religieuse
, de Denis Diderot. C'était durant l'été 1998, j'avais 16 ans et la personne qui nous enseignait le français nous avait donné un liste de livres qu'elle jugeait bon que nous étudiassions (oui, je sais, c'est très pompeux, mais je le garde) pendant les grandes vacances, "pour [n]otre culture générale". Et parmi ces livres, La religieuse. Pas particulièrement attiré au début, j'ai dévoré l'oeuvre en deux jours. Peut-être ce qui a en partie forgé mon opinion sur la religion. Et qui m'a fait dire que les livres classiques, même s'ils traitent de sujets peu évidents, peuvent être lus par des personnes de 16 ans.

Discours de la méthode, de Descartes. Pour sa rigueur de raisonnement et son aspect "fondateur". Pour sa recherche d'universalité. On oubliera cependant la métaphysique ratée que nous a livrée l'auteur par la suite.

Pour finir, je me laisserais bien tenter par Huis clos, de Jean-Paul Sartre. Pour tout ce qu'il y a derrière, pour ces métaphores continuelles qui prennent place dans ce salon du Second Empire. Une pièce que je devrais relire par la même occasion, d'ailleurs.

J'avoue qu'il me faudrait sans doute ma bibliothèque sous les yeux. Difficile de citer des livres ex nihilo, face à mon ordinateur. J'ai sans doute raté des incontournables. De plus, je constate que ma liste ne semble a priori pas très funky. Tant pis. Ce sont des livres qui comptent pour moi.

5. A qui allez-vous passer le relais (3 blogs) ?


Comme ce mème tourne depuis un moment, je ne sais plus qui y a répondu. Donc à chacun de le prendre. Laissez-moi donc un petit commentaire si vous y répondez ! Et je me ferai un plaisir de lire votre réponse, évidemment.

Le podcasting, pas encore.

Une maquette de bateau suspendue dans la cathédrale, avec les grandes orgues dans le fond.
Stockholm, Storkyrkan. Alors que la ville n'est pas un port marin à proprement parler, de nombreux bateaux ornent la cathédrale. Un peu comme dans ma région d'origine, de Barfleur à Dieppe, en passant par Honfleur.

(Attention, billet relativement technique pour les personnes non initiées)

Dans son dernier billet, Morgan nous gratifie d'un petit didacticiel audio sur le podcasting. Cela faisait longtemps que je voulais revenir sur cette manière de bloguer qui fait de plus en plus parler d'elle, que ce soit sur Pointblog ou chez Stéphane par exemple. Et puisque ma journée sur la blogosphère est consacrée à Morgan (attention les yeux), c'est suite à son billet que j'écris enfin le mien.

J'ai découvert une première forme de podcasting dès l'ouverture de mon carnet, il y a un peu plus d'un an. Sur sa page d'accueil, Blogger proposait aux blogueurs américains d'essayer un nouveau système de billets sonores par téléphone. Il suffisait d'appeler un numéro spécial, de donner quelques informations (typiquement un identifiant et un mot de passe choisis en ligne pour associer l'appel à un blog) et on pouvait "laisser un message" sur son blog. J'avais á l'occasion consulté le carnet d'un couple qui faisait le tour des États-Unis à vélo et qui racontait ses péripéties au jour le jour. Le son n'était parfois pas extraordinaire via leur mobile, mais cela rendait le voyage de ces deux personnes vivant, très attachant, même s'il ne devait intéresser qu'un petit nombre de personnes, à savoir les membres de la famille. Toutefois, le rendu sur le blog n'était pas particulièrement pratique, puisqu'il s'agissait simplement d'un lien vers un fichier mp3. Un lecteur en Flash (comme celui qui figure sur le billet de Morgan par exemple) aurait été bienvenu et plus agréable à l'oeil.

Depuis, les choses ont un peu évolué, puisque, moyennement un bon équipement, on peut dorénavant traquer les podcasts sans ordinateur, via des fils RSS qui permettent de diffuser directement le billet de votre blogueur favori dans vos oreilles alors que vous êtes dans le métro, raccordé à Internet par votre mobile. La fièvre du "toujours en ligne", que ce soit par les yeux ou les oreilles, finalement. On imagine bien les blogueurs se répondre sur leurs carnets respectifs en utilisant leur téléphone mobile. On imagine également bien une surcharge de messages et une certaine perte de qualité que le format écrit empêche un peu, du fait du temps et du matériel nécessaire à l'écriture d'un billet. Bref.

Aujourd'hui, je pourrais techniquement tenter l'aventure du podcasting (occasionnellement, cela s'entend). Mais je ne dispose pas des ressources suffisantes (c'est à dire un hébergeur digne de ce nom, avec de l'espace et une bande passante correcte) pour pérenniser l'aventure. Un jour, peut-être.

Alors, pourquoi ne pas le faire ? Dans certains cas j'avoue que cela serait assez amusant, si j'avais le matériel adéquat (c'est à dire un matériel peu encombrant et facilement transportable dans une poche, contrairement à un micro normal et à un ordinateur portable). Je me vois bien parler pendant des heures sur la plage de Nynäshamn ou au pied du Stadshuset, avec le bruit des vagues au loin ou celui de la corne d'un ferry partant vers Tallinn. Ou dans le métro, en parlant d'une oeuvre d'art. Ou lors de la fête nationale. J'aurais bien aimé faire mon billet oralement avec la musique du kiosque au fond ou alors l'hymne national suédois chanté par le choeur de la ville. J'aime bien l'idée de ces billets instantanés, non lus, non relus, avec quelques hésitations ou blancs. L'idée d'être assis à la table d'un café et parler en regardant les gens passer, je la trouve assez jolie. Et très vivante. Un podcast est effectivement très agréable à écouter, très chaleureux et ouvert à de multiples applications que mon imagination peu fertile ne vous délivrera pas. Alors donc, oui, pourquoi ne pas le faire ?

J'ai toujours eu une obsession. Et qui, maintenant que j'évolue un peu dans ce domaine, ne va pas en s'améliorant. C'est celle de la pérennité et de la sauvegarde des données. C'est entre autre pour cela que, bien qu'étant à l'ère du numérique, j'aime toujours imprimer des photos, car on ne sait jamais. Un crash de disque dur, c'est vite arrivé. Et qui dit que dans trente ans nous saurons encore lire une image au format jpeg ?

Le gros problème du podcast se situe à mon avis au niveau de la recherche et la récupération d'information ou de données ("information retrieval" en anglais). Imaginez. Vous avez écrit 500 billets sur votre carnet. Vous êtes sûr que dans un de ces billets, vous avez employé tel mot, mais vous n'avez aucune idée de savoir dans quel billet il se trouve. Si l'on se débrouille bien et que l'on sait écrire un requête SQL, ledit billet est retrouvé en moins de 10 secondes. Imaginez maintenant que votre carnet est fait de 500 podcasts. Que faites-vous ? A moins d'avoir mis ce mot dans les tags de votre fichier ou d'avoir retranscrit votre billet en texte, il est fort probable que vous allez devoir écouter tous les podcasts (statistiquement 50% d'entre eux) pour retrouver le bon.

Et c'est là le malheur du podcast, comme il en est de même pour les photos. En l'état actuel des choses, la seule chose que nous savons indexer, c'est le texte. Point. Une chanson de Marilyn Monroe en mp3, à moins d'avoir les tags adéquats, n'est rien et n'est pas considérée comme telle. De même que la photo utilisée pour illustrer ce billet. Il n'y a que le tag "alt" qui puisse éventuellement servir à déterminer ce qu'elle représente. Mais elle ne reste qu'une photo qui pour certains peut représenter un bateau et pour d'autres des orgues. Donc, aucun espoir pour l'instant que votre carnet fait de podcasts soit indexé par les moteurs de recherche (les esprits taquins me diront que c'est tant mieux) ou puisse constituer une quelconque base d'information.
C'est également la question de la sauvegarde qui est posée avec le podcast. A l'heure où la mode est à la transformation de blogs en livres pour ne pas perdre ce que l'on a parfois mis des années à construire, on peut s'interroger. Transformera-t-on un carnet de podcasts en CD ? Car voilà. Alors que le texte est, par essence, le format le plus ouvert (un blog, il est toujours possible d'en extraire les billets pour les imprimer, les passer à un autre format ou autre), le son est un peu moins malléable. Il s'envole, donc. Et contrairement à un livre qui a un certain nombre de chances de subsister encore dans un siècle, il disparaîtra avec la machine ou le support qui l'héberge. Est-ce un bien, est-ce un mal ? La prose que l'on écrit ou que l'on dit mérite-t-elle la postérité ? Je ne sais pas. Toujours est-il qu'il est tout de même bien sympathique de tourner les pages de l'album de photo familial 30 ans après.

Donc, pour l'instant, j'avoue que je préférerais me contenter d'une formule qu'Aqb avait utilisée il y a un certain temps, à savoir un billet écrit accompagné d'un court fichier sonore illustratif. Pour apporter une ambiance. Pour mériter alors ce nom de "carte postale".

Alors effectivement, ma méthode n'apporte pas la "mini révolution" qu'apporte le podcasting pur, dans la mesure où il est impossible de recevoir les billets sur son baladeur numérique dans le métro. Mais pour l'instant, c'est le seul qui me paraisse viable. En attendant...

7 juin 2005

Storebror.

Le sol de la station Näckrosen.
Station Näckrosen ("nénuphars", un joli nom), ligne bleue, Lizzie Olsson-Arle. Une station simple que j'aime bien, avec ses galets collés au mur et ses citations sur le sol. Avec ses messages un peu passés maintenant, comme ici, "Solidaritet är framtiden", littéralement "La solidarité, c'est l'avenir". Ou alors "Ge oss bröd men också rosor", "Donnez-nous du pain mais également des roses".

Petit billet post-it pour vous faire découvrir Laleh, jeune chanteuse qui essaie en ce moment de se faire une place à la télévision à côté des ogres de la chanson suédoise (Kent entre autres) lors des clips du matin, avec des chansons fraîches et de jolis textes (en suédois).

Le chanson du jour est "Storebror" ("grand frère"), à écouter (ou à voir en vidéo) ici (wma ou mpeg) ou via un lecteur flash ici (uniquement en extrait).

L'histoire d'une fille de cité qui doit rester chez elle sur ordre de son grand frère et dont l'imagination vagabonde vers des ailleurs meilleurs... Le genre de chanson dont je ne me lasse pas, avec cette voix particulière et cet accent qui détonne.

J'attends le soleil pour avoir sommeil.

La Baltique. Un cargo au loin, ciel rouge sombre.
Helsinki - Stockholm. La nuit ne sera jamais plus sombre que cela. Le bateau au loin est facilement discernable.

Ce soir, ce sont (déjà) les vacances. Elles marquent la fin d'une année relativement tranquille sur le plan du travail scolaire, malgré les nouveautés. Mais elles marquent surtout la fin prochaine de ma scolarité. Un projet de fin d'études ("master thesis") que je commencerai sans doute en janvier prochain et qui marquera l'obtention de mon double-diplôme, et puis... Le grand saut. En Suède, en France ou ailleurs, je ne sais pas encore. Il faudra saisir les occasions au vol. Mais il est évident que je préférerais rester ici quelque temps, ne serait-ce que pour tirer parti d'une langue que j'ai apprise à partir de rien cette année et que je commence enfin à maîtriser correctement.

En attendant, je profite de l'été (n'ayons pas peur des mots) suédois jusqu'au 21 juin avant de retourner un gros mois au pays. Programme chargé pour ce retour. J'essaierai tout de même de passer dire bonjour à la capitale, si mon emploi du temps (et la logistique, accessoirement) le permet.

Un bal au pied des immeubles de Stortorget.
On danse façon début XXème sur Stortorget, la place pittoresque de la vieille ville. Jolis costumes, marche de Radetsky et autres airs mondains.

Hier, c'était la fête nationale. Et pour la première fois dans l'histoire de la Suède, c'était un jour férié suite à une décision du Riksdag (le parlement suédois). On sent d'ailleurs une certaine gaucherie (j'utilise ce terme très amicalement) dans l'attitude des gens face à cette fête qui est encore loin d'être ancrée dans les esprits. Les festivités (très nombreuses et spontanées) ne ressemblent pas à ce que l'on peut trouver dans d'autres pays où le lien entre l'événement et l'État est omniprésent. Ici, mises à part quelques festivités royales, on se croirait plutôt à une fête populaire où l'on distribue des drapeaux bleus et jaunes.

Des fantassins du palais royal tirent une salve d'honneur.
Au palais royal, on fait parler la poudre. Et on sort les costumes d'apparat que je n'avais jamais vus auparavant.

Il faut dire qu'avec la paix dans le pays depuis environ deux cents ans, la cohésion nationale n'est pas évidente. A cela s'ajoute la taille d'un pays dont la nature est hostile au nord, avec un nombre de routes encore limité. L'idée de véritable nation suédoise n'existe encore que peu comparativement à la France.

La Storkyrkan sous un ciel bleu.
La Storkyrkan ("cathédrale") a de légers airs de Giralda sévillane sous ce beau ciel bleu.

Cet après-midi j'interviens dans le cadre d'une conférence sur "The role of ICT (Information and Communication Technology) in the process of globalization and the development of an e-society" (très LLM cette phrase, vous ne trouvez pas ?). Attention les yeux. A défaut de flûte traversière, durant cette conférence, je pourrai m'exercer au pipeau.

Des cavaliers jouent du clairon.
Les cavaliers ne jouaient pas du pipeau mais c'était également très ronflant. Les vestiges surannés de la monarchie.

Ce soir, pour fêter les vacances, je réponds au meme littéraire de Morgan, promis.

4 juin 2005

Helsinki ou les tiraillements d'un pays.

Un peu de calme après le remue-ménage de ces derniers jours. Les différends commencent en partie à cicatriser. Je lis encore ça et là quelques piques qui ne m'enchantent guère. Comme quoi les votants du "oui" seraient tous des CSP+ (me dire cela à moi, étudiant qui ne roule pas sur l'or en Suède et qui a été bien content de trouver un aller-retour sur Helsinki pour moins de 10 euros !) ou autre. Je crois que dans cette campagne, tout le monde (moi le premier) a été pris en flagrant délit de généralisation, que ce soit d'un côté comme de l'autre. Un instinct grégaire qui a voulu que les votants du "oui" et du "non" soient rangés dans des cases bien spécifiées pour pouvoir mieux être critiqués par le camp adverse. Je connais des chômeurs qui ont voté "oui". Je connais de jeunes ingénieurs friqués qui ont voté "non". Alors je ne crois pas que les revenus soient un facteur discriminant. De la même manière que d'autres étiquettes que l'on (et que j'ai à certains moments) bien voulu accoler aux uns et aux autres me paraissent totalement ridicules (taxer l'ensemble des votants du "non" de xénophobie via les résultats d'un seul sondage, c'est petit, même si ce sentiment a pu jouer pour un certain pourcentage d'électeurs).

Les conséquences du vote sont encore trop vagues pour être débattues sans cesse. Ceci est donc la dernière phrase que j'écris à propos du référendum. J'ai été très déçu par le résultat, j'en ai voulu à un certain nombre de personnes, mais il est grand temps de tourner la page, d'oublier les rancoeurs et les mots qui sont sans doute allés plus loin que la pensée.

Helsinki, donc.

Vue de la cathédrale d'Helsinki. Un bâtiment blanc baroque aux allures russes.
La cathédrale d'Helsinki vue d'Aleksanterinkatu, point incontournable de la ville. L'intérieur protestant est beaucoup plus dépouillé que l'extérieur.

Difficile de parler d'une ville et d'un pays dans lesquels je n'ai séjourné qu'environ huit heures. Je me contenterai donc d'une vision très imparfaite et limitée de cette ville où je retournerai sans doute, ne serait-ce que pour pouvoir enfin profiter du soleil.

Grandes orgues de la cathédrale d'Helsinki.
Grandes orgues de la cathédrale. Une forme concave qui leur donne une allure impressionnante.

Helsinki est sans doute symptomatique d'un pays tiraillé entre trois cultures différentes.

Il y a tout d'abord la culture scandinave, du fait de la présence indéniable du voisin suédois. Une double langue (finnois et suédois) présente sur tous les panneaux ou les bâtiments officiels. L'omniprésence de l'eau, qui fait furieusement ressembler certains endroits de la ville à Stockholm.

Il y a ensuite la culture russe, forcément. Un des restes de l'histoire et le résultat physique de la longueur de la frontière entre la Russie et la Finlande. Une architecture qui fait dire que l'on n'est pas si loin de la Place rouge ou de Saint-Pétersbourg.

Et enfin, il y a la culture européenne. Par l'utilisation d'une monnaie qui, malgré la distance, est la même que celle utilisée à Lisbonne (il est d'ailleurs amusant de constater que le tourisme doit être plutôt mince en Finlande, puisque 95% des pièces que j'ai pu avoir entre les mains étaient finlandaises). Par l'implication beaucoup plus importante de la Finlande par rapport à la Suède dans la construction européenne (peut-être des suites de l'implication du pays dans la deuxième guerre mondiale).

Une statue représentant trois forgerons nus, allure très communiste.
Statue sur Mannerheimintie (si ma mémoire est bonne). Chacun y voit ce qu'il veut, j'ai maintenant appris à ne pas juger ce genre d'oeuvre à la va-vite.

Une jolie ville donc, très petite et relativement peu cosmopolite par rapport à Stockholm. Des rues pavées qui résonnent sous la pluie et le passage des voitures. Des rails et des caténaires de tramway qui jurent un peu avec les immeubles et qui font dire qu'il aurait été plus judicieux de le construire en site propre plutôt que de le mélanger aux voitures.

Quelques bâtiments d'Helsinki, allant du baroque au classique.
Un style tantôt riche, tantôt plus sobre. Et toujours avec ces couleurs spécifiques aux immeubles nordiques.

Un immeuble au milieu d'un parc. Les murs sont de grandes baies vitrées qui laissent entrevoir l'intérieur des appartements.
Immeuble au milieu du parc de Punavuori. Un style avant-gardiste qui tranche radicalement avec le reste de la ville. Et des appartements qui ne doivent pas être si faciles à vivre.

Voilà donc pour la capitale finlandaise. J'y reviendrai peut-être plus tard. Et quelques photographies de l'archipel de Stockholm sous le soleil viendront agrémenter ce carnet la semaine prochaine.

Prochain objectif, Riga. Sans doute au milieu du mois d'août.

Juste pour dire.

Proue en fin d'après-midi. Le soleil est toujours au beau fixe.

(j'ai triché d'une semaine pour faire coïncider les dates, alors vous ne m'en voudrez pas)

Et voilà. Ce carnet vient de souffler sa première bougie. Le même jour que moi qui en souffle vingt-deux de plus. Les deux anniversaires sont venus vite, finalement. Un peu à l'image de cette année qui se termine et qui aura défilé à toute vitesse.

Puisque l'heure n'est pas à l'élégie sur temps qui passe ni à la béatitude accompagnant la contemplation de tout le chemin parcouru en un an, je ne vous imposerai pas un long billet sur l'événement.

Simplement un grand merci à toutes celles et tous ceux qui ont fait vivre la discussion, à celles et ceux à qui j'ai pu faire partager mon rêve éveillé, à celles et ceux qui m'ont contredit, mis en garde, fait des suggestions ou donné des précisions. Un grand merci pour votre sourire qui a éclairé la nuit suédoise au plus fort de l'hiver. Et puis tout le reste...

Alors, s'il y avait un billet pour résumer mon année ici, je crois que cela serait celui-ci. Car il représente bien l'état d'esprit qui m'a animé au long de ma découverte de ce pays. Parfois donneur de leçons, parfois humble, parfois à l'écoute, parfois sûr de ses préjugés. Mais jamais rassasié, toujours curieux.

Allez, on rempile, commandant.

3 juin 2005

Calme après la tempête.

Cabine de pilotage du bateau, ciel lumineux ayant retrouvé un peu de bleu.
Une heure après le départ d'Helsinki, le ciel retrouve la paix et un joli bleu qui ne le quittera plus jusqu'à Stockholm.

La semaine dernière, je suis sorti du la "ligne éditoriale" habituelle de ce carnet (si tant est qu'il en ait eu une) en publiant quelques billets sujets à polémique. Il est vrai que j'ai jusqu'à maintenant rarement été d'humeur à provoquer des remous, écrivant des cartes postales consensuelles sur mon pays d'accueil, parsemant le tout de quelques petits points de vue personnels innocents et sans conséquence. Écrire relativement violemment le fond de ma pensée sur un débat qui déchaîne les passions et les courroux, c'était risquer de froisser un certain nombre de personnes habituées à des billets moins engagés. C'était risquer de se faire reprendre de volée par des gens qui ont sans doute longuement réfléchi, pesé le pour et le contre, avant de voter "non". C'était risquer de faire croire que la Suède est dans sa totalité déçue du résultat français alors que, je le redis, une certaine partie de la population, soutenue par un quotidien populaire du soir, réclame un référendum pour faire entendre son "non" à ce traité qui sera ratifié, si le processus continue (ce qui n'est finalement pas dit), par le parlement.

Cependant, je ne regrette pas, et ne renie encore moins ce que j'ai dit. Je ne ferai pas de pas en arrière en prétextant que des phrases ont pu être "mal comprises" ou que ma pensée était plus nuancée que ce que mes billets laissaient croire. Néanmoins, je tenais à préciser que la vision que j'avais émise avait été faite à chaud, après un mois de campagne qui m'aura durablement contrarié, du fait des mensonges de certains, des exagérations des autres, de coups bas, de luttes des classes qui m'apparaissent archaïques, d'exacerbation des peurs et des angoisses ou de tentatives de récupération.

La vision suédoise que j'ai donnée était subjective, je ne m'en suis jamais caché. Cependant, lorsque l'on me reproche mes choix de citations ou lorsque l'on me reproche mes choix d'illustration des billets (notamment le fait que ce ne soient que des membres du FN qui soient montrés lors des interviews d'après-vote), je tiens à dire que je suis le premier désolé si cela a été interprété comme une tentative de "diabolisation" (sic, c'est le cas de le dire) des électeurs du "non". Il s'avère que ce soir-là, ce sont ces deux personnes qui ont été montrées lors du reportage d'agence. Si j'avais eu sous la main un Emmanuelli ou un Fabius, j'aurais plus volontiers utilisé sa réaction. Et je comprends parfaitement la réaction des personnes qui ont été choquées par cette photo, peut-être aurais-je dû m'abstenir de la publier. J'avais estimé que l'interprétation qui pouvait être faite de chacun de mes mots ou illustrations ne serait pas aussi profonde. Mais le fait est là, ces réactions ont été bien réelles, il n'y a donc pas lieu de les cacher.

Ce vote aura provoqué des tensions, suscité l'enthousiasme et le militantisme, peut-être davantage que lors d'un 21 avril qui avait été finalement plus consensuel. C'est la première fois que j'en suis à me disputer avec de très bons amis pour une cause politique. J'en suis le premier attristé. Peut-être me suis-je trop impliqué dans ce vote, je ne sais pas. Mais au final, je constate que c'est finalement la première fois également que je parlais vraiment de politique avec eux. Alors, la plaie qui s'est ouverte n'est peut-être pas près de se refermer, mais c'est une plaie dont on peut faire quelque chose. Dont on peut faire sortir des idées. Et il y a peut-être une raison d'être heureux.

Me mettre moi, petit carnet (smiley "sourire" de rigueur), en pâture via un lien (fort sympathique soit dit en passant) sur un carnet où la bataille fait rage depuis un mois, c'était sans doute me faire trop d'honneur (smiley "clin d'oeil", évidemment) et m'exposer à des personnes qui ont certainement un argumentaire bien plus fourni et rôdé que le mien. Du haut de mes 23 ans, je ne suis certainement pas la personne la plus apte à parler d'un traité qui me dépasse sans doute. Mais voilà. Une exaspération du consensuel qui régnait sur mon carnet.

Une personne, c'est un tout. Que l'on apprécie ou pas. C'est une certaine quantité de défauts et de qualités. D'opinions que l'on partage ou pas. Parfois on tombe de haut, on s'attendait à autre chose de sa part. Parfois on est agréablement surpris. C'est sans doute le charme de la chose. L'être humain est imprévisible.

Avec tout cela, même pas le temps de parler d'Helsinki. Je vous jure...

2 juin 2005

Tillbaka i Sverige !

C'est tout de même étrange de voir que, dès que le bateau est rentré dans l'archipel de Stockholm, je me sois senti "à la maison" au milieu de Finlandais qui découvraient la capitale suédoise pour la première fois. Je connaissais par coeur les bâtiments dont certains se demandaient le nom. Une petite fierté.

Enfin voilà, je suis rentré. Quelques billets photographiques très prochainement pour vous raconter le périple (n'ayons pas peur des mots), le temps de faire le tri et de rassembler quelques notes.

Une visite qui ne m'aura finalement pas tellement dépaysé, vu que j'ai eu le plaisir de retrouver une pluie normande continuelle et une température hivernale de 8 degrés. Pour un 1er juin, vous admettrez que cela vivifie. Mais cela ne facilite malheureusement pas la prise de belles photographies.

Je ne m'étends pas aujourd'hui sur le sujet, je pars dans cinq minutes voir un ami qui a organisé un repas pour célébrer la fin de l'année et marquer le départ des étudiants étrangers. Pleurs et regrets au rendez-vous, forcément. Sauf que moi, cas particulier, je ne pars pas...

Näkemiin!